mardi 28 juin 12h38 déjà 20mn que j’attends le métro sur le quai de la l2. Mesdames, messieurs nous vous informons qu’un train est arrêté en gare de Barbès Rouchechouart suite à un accident de voyageuse, la reprise du trafic est estimée aux alentours de 14h00. Je suis bouleversée par cette annonce, déjà j’imagine ma nièce bousculée par un copain intempestif. Je reste là scotchée dans cette vision. Je ne peux pas faire un pas, je reste perdue dans cette pensée, j’attends, j’attends que ça passe. Je respire amplement, je souffle discrètement, j’essaie de me libérer de cette vision d’horreur. J’attends, j’attends qu’elle s’envole, qu’elle disparaisse, qu’elle me laisse tranquille! J’attends. J’entends des cris, des insultes, je lève la tête et je m’aperçois que sur le quai beaucoup de monde s’entasse maintenant. Cette altercation entre voyageurs me ramène à la réalité, il est 12h55 déjà plus d’une demi heure que je suis là, attendant d’abord qu’un métro arrive puis qu’une vision d’horreur passe et maintenant qu’une dispute cesse. C’est sûr je vais être en retard au casting prévu à 13h15, je trépigne en me souvenant que la réalisatrice est une maniaque des horaires. Quelle déveine cet accident ! Pour qui? pour moi, pour la réalisatrice ou pour celle qui est écrabouillée? J’attends je me plains, je gémis, je commence à me culpabiliser, j’aurais du y aller en bus ou prendre l’autre itinéraire avec un changement de plus. L’angoisse monte, m’étouffe, me paralyse, incapable de prendre une décision, j’attends. Je sors mon téléphone, je le regarde, 13h15, elle m’a peut-être appelée, laissé un message? J’attends. Nous sommes de plus en plus serrés les uns contre les autres, ça pousse, ça bouscule, ça s’échauffe. On attend tous sur ce quai ensemble mais chacun en soi, on attend, on ne se voit pas pourtant on est là, les un.e.s à côtés des autres et on attend.