Le pont qui enjambe la voie ferrée, je ne le gravis pas toujours avec entrain, surtout quand je suis chargée. Les croisillons noirs du garde corps portent un avis de danger de mort instantanée. Contre le ciel immuable, la colline pelée, et d’ici là les rails, les platanes, les immeubles, les toits. La gare de la Blancarde ressemble à l’idée que l’on se fait d’une gare depuis l’enfance et les circuits de train électrique. J’ai connu la femme d’un directeur commercial de la SNCF qui avait vécu autrefois dans l’appartement à l’étage. J’y suis entrée, plus tard, quand le lieu a été transformé en ateliers d’art contemporain. Cela m’a fait bizarre pour elle, les cloisons détruites, leur trace encore sur les tomettes, qui dessinait en creux les pièces. À l’heure des travailleurs, les gens attendent sur le quai le train pour Saint-Marcel, La Pomme, Aubagne, Cassis, La Ciotat, etc. Pas de panache de fumée au ciel des locomotives. Les caténaires courent tout le long, ressortent de l’autre côté du pont. La dalle de béton descellée bascule sous mon pied et se remet en place. Une voiture débraye pour ménager la côte et le tournant. Il y a un trou dans le bitume. Les jours de pluie ça fait splash. Par temps de Noël, la grande maison en bas de la montée se couvre de guirlandes aux ampoules colorées. De l’autre côté, des jardins surplombent les rails devant les toits en tuile, avec un mimosa et une bougainvillée. Plus haut la pharmacie, la boulangerie, l’angle de ma rue.
merci de me rappeler le pont de la Blancarde, si souvent traversé, je lirai avec joie votre écrit, vous piétonne à Marseille, je vous accompagnerai
Christiane
cela donne envie de le découvrir mais il m’inquiète un peu cependant. Merci
j’aime bien quand on peut te suivre sur l’avenue d’Haïti jusqu’à la rue St Jean de Garguier (enfin je crois)… avec des souvenirs comme ça qui apparaissent par association d’idées. C’est très vivant.