La rue monte, au sol des pavés, le sens est unique, les voitures descendent, les cyclistes pédalent « en danseuse » pour moins ressentir le tape cul. A pied, je commence mon ascension sur le trottoir de gauche, plutôt étroit et déjà très emprunté par des touristes, habitant.e.s, jeunes ou vieux, étranger.ère.s. De toutes façon ici on vient tous.tes d’ailleurs. Les uns derrière les autres, des magasins de vêtements bon marché, fabriqué en Asie, une boucherie hallal, une librairie Bobo, des cafés populaires avec seulement deux tables en terrasse. Avant le premier carrefour il n’y a pas de rue qui part à droite, que des petits rues qui partent à gauche. Arrivée au carrefour, je traverse l’avenue et je poursuis mon ascension sur le trottoir de gauche. Jusqu’au prochain carrefour une seule rue part à gauche et cinq partent à droite, tiens le rapport s’est inversé. Monoprix, restaurants de brochettes, boulangerie-sandwicherie, boutiques de vêtements colorés, de chaussures de toutes sortes. Ça grimpe, les voitures descendent, les trottoirs étroits sont bondés, Klaxons, interpellations, comme si chacun tentait de trouver sa place. Sur la gauche un bâtiment art déco avec un porche sur le fronton duquel est inscrit: La JAVA, club célèbre, salle mythique qui a accueilli Django Reinhardt, Jean Gabin, Fréhel et les débuts de Maurice Chevalier et Édith Piaf. Un peu plus loin sur la droite un centre dentaire spécialisé en orthodontie, je marche toujours et j’arrive au deuxième grand carrefour, composé de 2 boulevards qui filent de chaque côté d’un terre plain central. Plus que sa largeur, la particularité de ce carrefour est qu’il réunit quatre arrondissements parisiens, quatre! c’est pas rien, quatre! c’est même rare. Je continue mon ascension, encore des magasins chinois, une rue à gauche, pas de rue à droite, une banque, des immeubles modernes, la prochaine rue à gauche est celle où j’habite. Avant d’arriver je traverse la rue et sur le trottoir de droite, je rentre chez Wenzhou, j’achète une part de riz sauté à la viande séchée et aux légumes, je salue le patron, c’est mon voisin. Au feu rouge, je traverse et m’engage dans la rue en face, à gauche une grille extérieure, je compose le code, premier bâtiment sur la gauche, BAT A, je passe mon badge, je monte au deuxième étage, je tourne ma clé dans la serrure de la porte de gauche, j’entre, je referme la porte, je suis chez moi. JOIE