On lui tendra une blouse. À elle de la laver les jours de repos. Elle la pliera soigneusement avant de rentrer à vélo. Désormais les jeudis ne seront plus libres. Pendant quelques semaines elle se demandera ce que peuvent bien apprendre les autres. Puis elle n’y pensera plus. Elle coudra des boutons, des fermetures, elle fera des ourlets et des cols, elle apprendra les plis et les tissus. Une fois, abattue par le rythme de la chaîne, elle élèvera la voix. Elle fera valser l’assiette de lentilles du souper.
La coulée de yaourt aux fraises s’est asséchée. Elle humidifie l’éponge, fait disparaitre d’un geste automatique les traces du repas. Elle passe le balai – des miettes, quelques coquillettes, une framboise écrasée. Elle vide la machine et la remplit de suite avec les couches, les bavoirs, les bodies et les carrés de tissu qui servent de mouchoirs, doudous et baluchons. Elle allume la cafetière, commence la vaisselle, s’interrompt. Elle va coller son oreille à la porte pour s’assurer que l’enfant s’est endormi.
Elle a épousseté les cadres affichant les photos de ses filles, désormais grandes. La maison sentait le propre. Elle s’est installée dans le fauteuil pour lire un peu, un policier. Son mari était reparti au travail après le repas de midi. Dans l’après-midi, elle est allée faire un tour en ville. Les magasins étaient vides à cette heure-là. Elle a croisé des jeunes qui sortaient du lycée et des femmes qui attendaient à la sortie de l’école. Elle s’est demandé ce qu’elle allait bien lui faire à manger cette fois.
Une belle manière de rendre visible l’invisible.
Merci! J’avais justement envisagé ‘Invisible’ comme titre…
Une vie de tous les jours qui remplit les journées. Merci
Merci pour votre lecture, attentive et attentionnée.
Merci pour ces trois portraits magnifiques qui s’attardent sur ce qui passe devant nos yeux et que l’on ne voit pourtant pas.
Merci Helena, heureuse de vous retrouver à travers les textes.