Elle a les cheveux violets. Dans la rue, on se retournerait peut-être sur elle mais là que des « trop belle », « t’es jolie », « des vrais cheveux », « je veux les mêmes » viennent égayer ses journées. Quand elle les accompagne au dortoir, quand elle se penche vers eux, elle est leur bonne fée. Ils l’entraînent dans leurs rêves. Quand ils se réveillent, ils la cherchent. Elle accompagne leur retour à la vie. Elle est la lumière de leur journée.
Ses longs cheveux blonds descendent plus bas que ses reins quand elle ne travaille pas. Sa fierté. Aujourd’hui, elle les a tressés, en a fait une couronne. Elle tente de la faire tenir sous sa charlotte. La responsable a dit, question d’hygiène, de sécurité si vos cheveux se prenaient… se prendraient dans quoi ? Elle ne prépare plus les repas des enfants à la cantine de son village. Elle n’est plus la cuisinière qui les régalait. Les plateaux arrivent tout fait d’une lointaine cuisine.
Un triste chignon de cheveux gris, une robe informe, des chaussures aux talons éculés, elle avance comme une petite souris dans la ville. Elle trottine, s’essouffle, s’assoit sur le banc aux couleurs multicolores, regarde les enfants sortir de l’école. Elle attend, s’inquiète, ne voit pas son fils. Elle attend que les portes de l’école se referment, que la nuit tombe. Elle se lève, rebrousse chemin, regagne sa maison. Son fils ne sortira plus de l’école depuis ce fameux soir où une voiture folle le lui a enlevé.
Prendre leurs cheveux dans la langue. Tout ce qui passe et joue dans la coiffure. Merci d’ouvrir ce chemin.
Mais oui quelle bonne idée ce fil conducteur du cheveu !