Elle enfourche sa bicyclette, une blouse par-dessus ses vêtements, un canotier sur ses cheveux emprisonnés dans un filet noir. Dans le panier accroché au guidon, trois bidons de détergents s’entrechoquent. Après avoir nettoyé les douches, WC, éviers à vaisselle et lavabos puis passé la raclette au sol, elle se dirige vers le local à poubelles. Un signe de la tête vers celle qui, serviette sur l’épaule, va prendre sa douche ou celui qui se presse à la piscine. Elle nettoie, à grandes eaux, trois fois par jour.
C’est un nouvel épisode des Feux de l’amour qui rythme leur pause déjeuner. Elles s’assoient au bord du lit et mangent leurs repas froids devant l’écran de télévision. Elles reprendront le nettoyage des chambres après avoir discuté des nouveaux rebondissements. Encore dix avant de terminer la journée. Elles commencent toujours par enlever les draps et terminent par le passage de l’aspirateur. Sur les tables de nuit les clients ont vidé leurs poches de la petite monnaie qu’ils ne peuvent pas échanger.
Elle a pris son poste à huit heures, vêtue de son uniforme. Veste et pantalon bleu marine, chaussures basses, les talons et tennis sont interdits. Elle réceptionne, répond aux questions, aux clients mécontents, transfère les appels, accueille et fait patienter. Parfois elle fait le café. Au rez-de-chaussée elle ouvre aux transporteurs et à l’étage de la réception, aux clients en costume-cravate. Elle a une pause de dix minutes deux fois par jour. Le mois dernier elle a perdu sa prime d’assiduité pour cinq minutes de retard.
Trois portraits nouveaux.
Ils sont tous plus touchants les uns que les autres.
Ça risque de faire un livre magnifique…
Merci beaucoup
je doutais de mes portraits
j’ai mis du temps à me lancer vers cette proposition
La « petite monnaie qu’ils ne peuvent pas échanger » en dit beaucoup en peu de mots.
Merci Laure pour ta lecture. Je suis allée fouiller dans ma mémoire. Cela m’était plus difficile d’écrire sur des femmes juste croisées.