Écrire la forêt sombre dans un café bondé, premier jour de soleil au bout du mois de mars, à la fin d’une semaine, un week-end, des gens à toutes les tables, comme moi, prêts à rester emmitouflés dans leurs manteaux pour pouvoir être dehors, devancer la saison à venir, sortir de l’hiver, de leur chez eux. Eux, les tables carrées les gênent pour être autour ensemble quand ils se retrouvent plus nombreux que les quatre côtés. Pour moi, carré confortable pour poser le rectangle du portable. Ils m’ont demandé s’ils pouvaient prendre les chaises, oui, pas de problème, je n’attends personne, mes mots sont déjà à table
Écrire des présences, tout un monde de vivants, personnages familiers de films animés, rires et sourires, contes doucement versés dans mes oreilles d’enfant, écrire tout ça, là, assise sur un caillou dans un alpage désert, entourée de nuages. Même les moutons et les oiseaux ont disparu, effacés par la brume, les chants et bêlements distancé par le vacarme de la pluie qui vient de s’arrêter et va bientôt reprendre. Écrire la foule dans la solitude.
Écrire un texte de mer, bateau seul sur les flots, échoué sur une plage tout au bord de la nuit, dans la salle de travail d’une médiathèque vitrée au milieu de lycéens qui font un exposé, cachés derrière des montagnes de bouquins, noyés de références et des avis des autres, les mouvements incessants et les interjections, sans oublier les « chut » de la maitresse des lieux. Le silence que je cherche naitra de leur vacarme
Bonjour Juliette
Voilà trois belles façons d’écrire des paysages en pleine ville.
Je t’admire sincèrement. Pour moi, ce ne serait pas possible…
Merci pour ce beau moment de lecture !!
J’ai aimé lire ce contraste entre l’agitation de l’écriture et les espaces de solitude pour s’y livrer. merci