On peut appuyer dessus on peut voir regarder approcher toucher du doigt ou du pied on peut mais on ne sait pas si on doit on est enfant alors on ose on scrute on trace du doigt dans le vide la forme on imagine la sensation sur la pulpe du doigt sous la plante du pied on se déchausse on laisse la peau nue on mesure d’un regard perspective entre deux doigts on part et on prend un bout de papier on dessine de mémoire on revient on approche un peu plus on vérifie la couleur la courbure on se demande on s’interroge on demande on écoute on attend on ne comprend pas on pourrait appuyer dessus à la nuit tombée en plein jour on pourrait sauter dessus avant de rentrer déjeuner on se dit que c’est minuscule on se dit regardant autour qu’il y en a plein on imagine des chemins de l’un à l’une à l’autre on ne sait pas si c’est un ou une on contemple on imagine une histoire qui relie une histoire qui serpente au-dessous on cherche des mots à donner à l’histoire de ces boursouflures on les compte sur ses doigts puis on arrête quand il n’y en a plus on se dit alors beaucoup on évalue la distance entre on essaie de retenir les positions on part et on prend le même bout de papier on établit une carte on pose chacun ou chacune sur la carte on voit maintenant un plan des trajectoires des sillons on compose un chemin ou une histoire car une histoire est un chemin on revient on cherche à le retrouver hors du papier au-dessus de là où ça a poussé on se dit que d’autres sont arrivés entre deux ont germé ont grossi c’est noir on pourrait maintenant y toucher on hésite on préfère continuer à comprendre à évaluer à penser à inventer on évite la déception on reste à l’écart mais tout près néanmoins on visualise on cherche le mot qui peut-être existe pour les dire ou les raconter on pourrait appuyer écraser enfoncer mais on ne sait pas encore on tourne autour on étudie on frôle on cherche la sensation sans la vouloir immédiatement on lui préfère de croire son histoire on pense à du vivant en dessous on pense à des êtres minuscules on pense des dômes grouillant de vie alors on fait attention on se dit c’est précieux on se dit c’est vivant on se dit attention on part et on prend son bout de papier on écrit vie dedans on écrit et si puis on écrit danger on imagine une autre histoire des réseaux des substances toxiques venues des tréfonds on revient on se dit explosion bouillon magma gaz matières toxique brûlures épiderme fluides corrosion déflagration extinction on se dit tous les mots qui creusent dans les corps des trous des plaies on se dit sang en ébullition on approche on évite on recule on se dit bon sang on frôle encore on frôle on aime le danger prendre des risques on se dit mines on se dit guerre on se dit tranchées on part on prend le bout de papier sur la carte les lignes entre les points épaississent comme creusées monticules de terres mortes protéger les tranchées s’y cacher on écrit se protéger on revient dans le jour on revient dans la nuit on se dit il est temps demain il sera temps on attend que le ciel tourne tout autour jusqu’aux lumières suivantes on se dit maintenant il est temps on plie le bout de papier dans une poche on le glisse on avance on se dit qu’on pourrait qu’on doit qu’on va on tend le doigt l’index on s’accroupie on prend son temps on a le temps rien ne presse l’autre main protège les yeux on ne sait jamais c’est toujours noir toujours une boursoufflure et les autres en réseau souterrain on se dit il est temps on appuie.
Texte en étrange ressassement et à la fois très beau.
Merci, Rebecca !
Merci Fil! En fait c’est pas toujours évident de vouloir à la fois être dans la consigne et à la fois de servir le projet d’à côté alors voilà ce qui est venu 🙂