Je sais que c’est fini. Je l’ai su il y a longtemps. Bien avant.
Je l’ai su avant eux c’est certain.
L’été dernier, soudain. Quand le jour se levait. Je n’ai rien dit. J’ai su. J’ai continué pourtant. Comme ils voulaient. J’ai fait tout. Comme ils le voulaient. J’ai accepté de perdre beaucoup pour renaitre un peu. J’ai tout donné. Je suis tombée très bas. Je me suis relevée plusieurs fois. J’y ai cru moi aussi. Quelques fois. Comme eux. J’y ai cru ce jour là . Moi aussi. Assez pour me glisser dans ta robe et danser.
Je sais que c’est fini. Je vois la lumière qui se couche. Je la vois à travers la baie et c’est très beau. Je vois juin qui s’éteint sur le mur d’un jardin. Le jour qui s’attarde encore un peu.
Je sais que c’est fini.
Je vais me lever et partir. Je ne vais pas saluer comme je l’ai fait maintes fois.
Je vais me fondre. À la nuit. Ne m’en veux pas. Je ne peux pas t’attendre. Tu vas venir et ce sera fini. Tu vas venir comme chaque jour. Et je serai partie.
Le jour s’attarde encore un peu — c’est long juin.
J’entends des voix, comme un chœur. Ce sont des femmes je crois. On dirait un anniversaire. Ce sont-elles les femmes de la nuit. Elles chantent. Elles rient et elles chantent.
Ce sont elles.
Et.
Moi.
Je suis partie.
Votre texte est magnifique Nathalie. Quelle émotion profonde. Je ne sais pas pourquoi exactement mais je l’entend chanté dans la voix de Victoria de los Ángeles dont l’interprétation de Villa-Lobos me met toujours des larmes aux yeux. Merci Nathalie Holt.
https://youtu.be/BcoAacwwi7Q
Bonjour Nathalie
Ton texte se lit comme un chant empreint de mélancolie.
Il est touchant comme la saudade d’un fado.
Merci pour cette belle lecture !
Bonjour Nathalie
Ton texte se lit comme un chant empreint de mélancolie.
Il est touchant comme la saudade d’un fado…
Merci !
Ugo, Fil merci de vos retours.
Oui c’est très beau, très cinématographique. Je l’ai lu en images
Merci
Merci beaucoup Véronique
« Ce sont-elles les femmes de la nuit » quelle étrange formulation où une question est glissée dans une affirmation. On aurait envie de les connaître ces pleureuses, et puis non… partir sans oublier… s’esquiver légèrement… pas de côté… silence…
merci de relever ce détail Marie-Thérèse faute lapsus nécessaire. Merci.
« J’ai accepté de perdre beaucoup pour renaitre un peu ». Quelle phrase extraordinaire ! Merci pour ce beau texte !
magnifique (mais trop triste) (il y a dans le film sur les compagnons du devoir (« Compagnons » François Favrat, 2021- pas si mal…) une scène où l’un d’entre eux s’en va et tout le monde (ses professeurs, les élèves qu’il a cotôyés) qui le voit partir lui crie « reste !! » « reste!! » et il ne se retourne pas s’en va)
Helena, Piero. Merci.