Je ne suis pas tranquille, tout devient flou autour de moi. Je perds la netteté du contour des personnes qui m’entourent, je perds la subtilité de l’odeur d’un parfum de fleur, je perds le goût aiguisé du miel des montagnes récolté à l’automne. Je me perds. La lumière s’affaisse sur mon paysage écroulé, sur les ruines d’un passé éparpillé, sur les souvenirs qui s’évaporent de ma mémoire en dentelle.
Je ne suis pas tranquille, je ne parviens plus à rêver. Ou quand j’y arrive, mon rêve s’envole comme une bulle de savon, happé par un courant d’air. Un vent mauvais qui m’étrangle. La bulle s’envole dans l’air noir et elle éclate. Et elle inonde de sang ce qu’il me reste d’espoirs, ce qui me relie encore à ce monde. À mes amis devenus taches. À mes amours devenus pétales de fleurs asséchées.
Je ne suis pas tranquille, je suis en train de disparaître. Mes pieds, déjà, je ne les vois plus. Mes fesses, je les sens encore posées sur la paille de la chaise mais je n’ose les toucher. Mes mains sont encore là puisque je vois mes doigts tapoter sur le clavier et enchaîner les lettres et enfiler les mots. Mais mes idées s’obscurcissent, je ne vois plus très clair, j’ai du mal à penser. Je n’y arrive plus.
Je ne suis pas tran
Merci Jean-Luc pour le je qui s’exténue précède l’effacement du corps qui ne peut alors qu’oublier…
Merci pour tes mots, Michael, qui éclairent un processus que je n’avais pas même formulé. Et pour ton passage.
Avec cette fin, nous ne sommes pas très transuilles non plus ! Bonne idée de commencer avec « je ne suis pas tranquille » chaque paragraphe. Le paragraphe de l’intranquillité. Merci.
Merci Nolwenn. C’est comme tout, ça fait parfois du bien de goûter à l’intranquillité. Juste un peu.