Je suis assise à la table de la salle à manger. J’ai une convocation à mon nom posée sur le napperon blanc et tout à côté ma pièce d’identité où est noté mon nom de femme mariée, ma date et mon lieu de naissance, le 28 décembre 19.. à Evillers (Doubs), ma taille 1,53 mètre, des précisions physiques : nez cave moyen, visage ovale, yeux bleus, teint rosé, cheveux châtains, sans signe particulier (…) Je l’ai lu à plusieurs reprises avant de la refermer et la déposer sur la table. J’ai classé les factures du ménage par date, rangé les papiers de la maison et du café dans le classeur à rideau, celui du bureau. J’ai déposé l’ordonnance de Marcel sur le guéridon de l’entrée et lui ai noté sur une feuille de papier l’adresse de la pharmacie. J’ai laissé quelques billets et de la petite monnaie dans le tiroir de gauche du buffet de la cuisine pour l’achat du pain et les dépenses imprévues pendant mon absence. Dans mon porte-monnaie j’ai délicatement glissé une feuille de laurier bénie et l’ai rangé dans mon sac à main. Dans la valise en toile beige qui se trouve à mes pieds, j’ai mis deux chemises de nuit, une blanche à petites fleurs bleues et une rose, deux gilets chauds, ceux que je porte pour travailler au jardin, trois robes de coton, une couverture beige ourlé de tissus, mes produits de toilette, deux gants et une serviette de coton, un ouvrage de littérature religieuse et une prière du père Lacordaire glissée entre les pages. J’ai ôté le camée de cornaline épinglé à mon manteau, l’ai rangé dans la boite à bijou avec mes boucles d’oreille et ma chaine de baptême en or, la bague de grand-mère et ma bague de fiançailles. Je n’ai gardé que mon alliance à l’annulaire de la main gauche. La boîte est sur la coiffeuse en marbre de ma chambre. …
en découlent des recherches à mener sur l'habillement de la période de la seconde guerre mondiale. quelles factures ? quelles conditions de vie ?
convocation pour se rendre en prison : les conditions de vie en cellule, les affaires personnelles autorisées : archives départementales d'Angoulême
Quel beau texte… un véritable brin de laurier béni, on est pris en suspend, funambule au coeur serré suit les derniers gestes
avant de se rendre
terrible