J’essaie de retrouver les mots, irrespectueux vient tout de suite en tête Irrespectueux, imprévisible, singulier, solitaire, rétif, susceptible, attachant, velléitaire, têtu, obstiné, hors la loi, voyou, attendrissant, séducteur, menteur, tricheur,vertigineux, violent, insupportable, incompréhensible, dangereux.Et puis une fois que j’ai retrouvé tous ces mots familiers Une sensation de malaise à surgit dans laquelle j’ai estimé le risque de me tromper ou peut être d’en avoir oublié et puis il y a aussi cette sensation d’oubli quelque chose de lancinant comme d’être à côté de la plaque, ou pire de me tromper sciemment de plaque en tous cas de ne pas vouloir la trouver facilement. D’ailleurs cette plaque nous l’avons cherchée mon épouse et moi une bonne demie heure avant de la découvrir enfin et ce malgré malgré le plan griffonné par l’employé de la mairie, un plan lisible sans se mentir. Nous l’avons découverte alors que nous étions au bord d’y renoncer. Mais y renoncer après tout ce chemin, le temps passé, ça n’allait pas, ce n’était pas juste ou équitable. Et c’est à cet instant précis où l’on allait repartir que nous l’avons trouvée comme si c’était elle qui nous trouvait la plaque quand on allait plaquer l’affaire, se barrer presque soulagés. Une plaque toute simple avec juste le prénom le nom l’année de naissance et celle du décès séparées par un tiret. Même pas sûr qu’elle soit en marbre. Une sépulture simple pas de pierre tombale juste un monticule de terre comme si les employés des pompes funèbres l’avaient juste déposé à même le sol bien que raisonnablement il y ait peu de chance, en tous cas ce ne doit pas être légal, et qu’ils l’eussent recouvert lui, enfin son corps sa dépouille ses restes son cadavre, à la va vite. Dans mon esprit, dans l’idée que je me faisais toujours de lui… tout pouvait très bien concorder jusqu’à ce que j’aperçoive cette fleur, une marguerite ou une pâquerette dont on avait planté la tige dans le goulot d’une bouteille de bière. Quelqu’un l’avait donc connu quelqu’un que nous ne connaissions pas mon épouse et moi, quelqu’un que nous ne connaissions pas avait déposé une fleur et je m’accrochais encore à ma liste de mots en plaçant irrespectueux tout en haut de celle-ci, mais je voyais bien que quelque chose ne collait pas, ou ne collait plus vraiment, c’était mes mots voilà tout, tout ce qu’il m’en restait et avec lesquels je m’accrochais à une idée, une idée de quelqu’un mais qui n’était pas tout à fait lui, qui ne pouvait plus être ce quelqu’un. Mais quelqu’un d’autre était venu ici quelqu’un avec une autre liste de mots pour s’en parler à lui-même, pour s’en parler tout seul ou avec d’autres on ne peut pas le savoir. Le fait qu’il puisse y avoir des listes de mots différentes pour essayer de qualifier ce que chacun de nous pense de lui rendait débile l’idée même de liste je le voyais bien tout a coup, sauf si on voulait encore inventer, faire de la literature. À la fin on s’est dit qu’on ne le connaissait peut-être pas si bien qu’on pensait, on n’osait pas dire le mot « étranger », mais on n’en était pas très loin. Puis comme il était midi on a dégotter un petit restaurant sur le bord de la route, on s’est rendu compte ensemble que nous étions affamés au même moment on a eut ce fou rire et on n’a plus du tout parlé de lui.
Toujours la surprise, toujours le même plaisir à te lire. Merci