Tu reviens de l’été, tu as du mal à dormir, tu as froid, tu sais que tu vas te réhabituer, tu sors marcher alors que l’année touche à sa fin, il fait à peine jour le village dort, tu prends l’ancienne route qui est en surplomb de la nouvelle, le goudron s’y écaille au fil du temps, les herbes s’y glissent au moindre interstice, tu ne regardes pas vraiment cette nature pour l’instant car les couleurs se révèlent que peu à peu à l’orée de cette journée, tu attends qu’il arrive, cela va être droit devant toi, cela commence déjà, une lueur pâle qui éclaire au loin alors que tu es encore dans la pénombre, cette lueur qui teinte les nuages et tu te réjouis de la présence de ces nuages car ils vont accrocher toutes les nuances qui vont t’être offertes, ils forment une couette mitée en travers du ciel et les espaces se colorent en jaune bouton d’or mêlé de coquelicot luisant comme de feu de forge, deux arbres à nu de chaque coté de ta tranche de vision, le vent pousse une autre vague encore grise-bleue toujours foncée, ourlée de clémentine laquée, quelques écharpes tentent de ressembler à des nuages et rejoignent la grand vague, et puis il arrive, tu le devines derrière l’arbre en contre-jour, le disque orange tangerine, pour l’accueillir après une bande gris rose c’est de l’or liquide translucide de ce jaune primevère shooté au vernis, à la fin de ce festival cet avion qui laisse une trace éphémère de son passage dans lequel tu aimerais être pour retourner dans ce pays qui t’a ensorcelée.
Il est difficile ce 13 parce qu’on a du mal à rendre compte de cette émotion qui se vit au présent sans pensée sans mot, enfin je crois que c’est ainsi pour moi surtout et du coup tenter d’y revenir est fatalement une fiction d’où j’imagine ce zoom sur les différents constituants de la couleur, pour conserver un cap, parce que le chant des sirènes aussitôt… je peux sentir tout ça dans ton texte