Grains dorés, stries d’ombres, éclats tamisés, paresses de soleil, je bois ta peau de métisse. Le miel tapisse tes os, asphalte sensuelle des contours de ta chair, je bois. Deux bruns foncés me narguent sur ton torse sec, épis de blés grillés, tétons plats d’homme praliné, je bois. De lait russe à chocolat glacé, l’été nuance tes dermes, tu es cuir naturel, tu deviens marc de café, je bois. Ecorce exquise sous ma paume, tannin sucré sur mes lèvres, je bois ta peau de métisse, je la hume des yeux, je dessine les plis de ton cou au fusain, j’avale les sillons de tes cuisses cacao jusqu’à la nuit de ta hanche, je bois. Deux pointes roses inattendues ponctuent la terrible beauté de ton corps boucané : ta langue et ton sexe. Tes doigts sur ma peau, des lambeaux de tabac dans la neige, je bois. Carrefour de couleurs, tu portes sur toi la trace de vies anciennes dont tu ignores les secrets. Je bois ta peau de métisse, je bois.