Ma rue est une couleur dans ma ville. Sa couleur est une ponctuation discrète mais partout où se porte un regard. Le long immeuble sur 4 niveaux est essentiellement blanc et pourtant des bandes grises verticales le jalonnent donnent l’impression d’être de papier de verre et derrière chaque balcon transparent la voilà qui jaillit rouge de bois blessé là aussi en bandes verticales étroites soulignant cet espace du chez-soi qui touche le ciel et de l’autre côté de la rue. Aussi. Long bâtiment comme d’une entreprise allongée de toute son emprise sur les corps et la terre : ligne rouge corail unie que rien ne tranche ni perturbe marque la jonction entre ce qui est des fenêtres de ce qui est de la toiture. Côté Sud, la bande corail se déploie comme avalant la tête du bâtiment son accueil omniprésente couleur une nouvelle bande fine ici apparaît elle est jaune comme un soleil de 19h l’été, il y a encore ou déjà du rouge caché dedans. Plus bas une autre construction est fidèle à la partition de ma rue. Tôle ondulée toute de verticalité dressée. Une large porte se dessine d’un rouge rouille qui s’étend de part et d’autres six mètres d’un côté peut-être, neuf de l’autre. Ici la rue forme un coude désormais des maisons de villes occupent les lieux. Sur la droite maison aux façades blanches immaculées mais les portes d’entrées. Elles sont pourpres comme un lourd rideau au théâtre comme un velours réconfortant à caresser machinalement comme creusées dans le blanc immense comme des gouffres brûlants ces portes d’entrées certaines en hauteur d’autre au niveau de la chaussée. Il suffit de continuer à avancer sur la gauche un petit parking est cerné de maison aux briques rouges comme des briques rouges. Au fond, de vieux immeubles n’ont pas été rénovés ils ont pâli partout des larmes pendent du toit des balcons des étages. Le rouge de jadis est rose sale seuls les encadrements des fenêtres ont gardé les nuances d’avant rouges vraiment. En face un espace vert.