ne pas ouvrir le disque dur aux images ne pas chercher les dernières dates ne pas déployer sur l’écran l’image faite plutôt les images chaque fois image de loin image de près image de très près voire très très près ne pas même se demander si ce qu’on voit dans la tête c’est elle la couleur ou la suite superposée des images qu’on en a faites si on a fait ces images c’était pour à cet instant là et à jamais les fixer dans la tête et donc un processus du réel aux images qui s’annule pour que la tête justement garde mémoire du réel sans médiation de l’image mais elle garde quoi la tête elle garde quoi de mémoire si la mémoire est plutôt sensation ou perception que détail si tu rouvrais sur ton écran et facile la date facile à retrouver les deux dernières dates et le temps de l’écrire tu retrouves même les trois dernières dates et tu sais les mêmes images et tu sais paradoxalement comment ce que l’image fixe aussi par le temps et l’usure et la pluie et le vent inscrit dans l’image comme un effacement de l’image et paradoxalement chaque fois un appareil-photo meilleur qui inverse le même processus et ce que tu revois là dans ta tête sans aller en rechercher l’image tu peux tout aussi mentalement pousser les curseurs à droite de ton logiciel la saturation le contraste et ce qu’ils nomment la texture le voile mentalement elle grossit l’image il y avait des rayures et des cloques il y avait ce délavement comme aussi chaque fois la tôle un peu plus déformée ou bosselée tu retrouves dans ta tête aussi ce à quoi tu n’as plus jamais droit la vue depuis l’intérieur les cornières en angle sur quoi la tôle à gros bourrelets est soudée à l’arc et peine aussi et le grand crochet de fer pivotant qui le bloque le portail tu aurais dit le portail bleu dans ton souvenir c’est le portail bleu quand tu gares la voiture et que tu approches avec l’appareil photo c’est le portail bleu dedans toi tu l’appelles comme ça parce que c’est pas seulement lui le portail bleu mais c’est le portail bleu en toi et l’image que tu fais avec ton appareil-photo du portail bleu devant toi c’est faire émerger le portail bleu en toi le portail bleu que tu peux rejoindre mais ne franchira jamais et l’écriture elle s’en va retrouve les lumières monte les trois escaliers puisque trois escaliers et même quatre portes entre le garage et la rue mais pourquoi les autres portes tu ne prends même pas la peine d’en faire archive tu ne photographies que le portail bleu le portail bleu est ce qui sépare le présent du souvenir et c’est seulement cela que tu sais une fois toi devant non plus rien de bleu des cloques des boursouflures un délavement général des traverses de rouille ocre des gris qui se souviennent seulement d’avoir été bleu et quand tu t’approches pour photographier de plus près il disparaît le bleu ça ressemble avec ses figures et reliefs certainement plus à une carte mais la carte que tu photographies à ras du portail bleu et qui tendrait sur le vert aurait des zones presque jaunes c’est déjà non plus lui le portail mais ce que dedans toi tu portes de l’autre côté là où lui le portail est refermé là où toi hors d’en ta tête tu n’iras jamais
oua!! ça c’est du bloc!!! merci!
… mais j’ai fini par mettre l’image quand même, en tout cas ça a été écrit dans le train, tandis que le disque dur était là dans mon burlingue…
ah oui! je découvre l’image!