Dionysos est démembré, chaque jour, chaque soir. Je marche dans le goudron de la Ville nuit et jour, sur les mêmes segments de rues, écho de mes segments d’autoroute, je regarde le trottoir, tout ce gris et ce noir de la Ville, mes pieds se fondent dans le goudron, sprofondo nell’asfalto, je ne vois rien d’autre que la rue. A Marseille je traverse la rue Cassini et là, presque à l’angle avec le boulevard Camille Flammarion, je ne ressens plus le gravillons du bitume et le rebondissement de mes pieds sur le goudron, le caoutchouc de mes chaussure expérimente une résistance métallique, non sento più il pietrisco dell’asfalto, on dirait maintenant de marcher sur des fils en métal, le zigrinature. Je piétine d’immenses plaques noires. Une nuit j’entends des cris, le lendemain je vois du sang encore rouge sur le trottoir à cet angle de la rue, le bitume ne l’a pas encore tout absorbé. Un jour je les ai vues ouvertes ces plaques sur le trottoir, j’ai aperçu quelqu’un descendre des escaliers invisibles d’habitude et rentrer dans la terre. Par hasard un soir j’ai lu « Titan » marqué en grand sur ces portes noires. Là à quelques pas de chez moi s’ouvre la voie vers un monde souterrain, ce Tartare où les Titans sont ensevelis. Cachette d’êtres de la terre, de la chaux, du bitume, cachette d’êtres du goudron. Je descends dans ce monde aride, brumeux, vers les fondements des terres et des mers, là où le corps de Dionysos est démembré par les Titans.
J’aime beaucoup. Inquiétant, attirant, questionnant. J’irai marcher sur ces grilles qui me sont proches à moi aussi. Merci.
Merci pour cette lecture, en effet le jour où j’ai vu les plaques ouvertes j’ai vu un autre monde s’ouvrir… l’écriture fait le reste!
J’aime la descente progressive vers l’invisible. J’aime le mélange des langues. Merci pour ce texte.
Merci pour cette lecture et ton retour! et oui le mélange des langues arrive quand ce n’est pas possible autrement.
Merci Anna! Beau texte, entremêlement des observations sensations émotions dans la ville du ciel aux enfers.
Bien observé et inquiétant ce monde qui se laisse à peine découvrir seulement imaginé quand les portes s’ouvrent enfin. Merci
Qu’on a envie d’y descendre ! C’est le début de quelque chose.