Le long couloir carrelé de grandes dalles lisses, du marbre ou peu importe quel parterre, au mur les hautes moulures de bois c’est miel, aux moulures répondent les taches de lumière qui tombent des fenêtres, les taches de lumière font feu liquide au sol, les taches de lumière qui me regardent de leur œil livide me regardent arriver de loin, je les embrasse avec mes yeux je les lèche aussi les taches de lumière avec ma peau je les lèche, elles ne se retournent pas pourtant nous nous aimons, taches de lumière continuez de gratter le parterre en marbre pendant que je vous examine, taches de lumières coulez aussi le long du long banc là, sur le côté du long couloir, les taches de lumière sont des grandes filles folles qui fleuvent le marbre quand des gens passent inconscients dans les taches de lumière, ils y marchent dedans comme si ce n’était rien, je ne sais pas moi ce que c’est de ne pas s’arrêter dans les taches pour les porter sur mes bras, les habiller de moi, s’arrêter devant les taches avant de les plonger les taches de lumière j’ai toujours peur qu’elles disparaissent, les belles grandes qui pleuvent au sol lisse et nettoient le couloir, elles habitent les taches de lumière et peut-être qu’elles déposent leurs choses sur le sol, une ou des choses qui s’éveillent à la nuit, des substances de lumière, de la poussière de taches qui s’éclaire et puis se lève et marche la nuit le long du long couloir et du bois des moulures, la lumière levée des taches de lumière dans les murs du couloir la nuit, un fantôme transpirant la journée des poussières invisibles en flaques dans lesquelles des inconscients marchent sans savoir, les taches de lumière sont devenues folles, elles tentent après les années de découper le marbre du parterre, abraser le lisse du marbre du long couloir, les taches de lumière continuent de creuser les fenêtres elles font traces de ciel sur les parterres et crient que les étoiles viennent habiter dans les maisons les bâtiments publics les villes résonnent des taches de lumière se bousculent sur elles-mêmes et rampent lentement dans les après-midi comblés, perforent les regards de ceux qui passent sans savoir dans les taches de lumière ont étendu leurs diagonales dans le travers du royaume de marbre qui ne demande que la lumière
j’aime beaucoup comment, sans ponctuation et avec l’utilisation de tout ces petits mots qui connectent deux phrases différentes sans qu’on s’en aperçoive, on est pris dans le flot du texte. Intéressant aussi ces espaces de relations différentes les tâches de lumière/le narrateur, les autres et les tâches de lumière, comme des relations intimes et complexes
Merci Line ! Je vais faire une vidéo avec ce texte 🙂