Je marche dans la ville guidé par les courants. Un bouchon bringuebalé dans une rivière qui tourne en rond, qui repart droit devant, qui revient en arrière et qui m’arrête là, devant cet ultime panneau publicitaire. Des couleurs, des mots, un homme sur un cheval. Il veut que je parte en voyage. Je lui dis que c’est gentil de penser à moi. Il me regarde d’en haut, perché sur son quarter horse, paisible comme s’il était tout seul dans le désert. Moi, je ne serais pas paisible dans le désert. Je chercherais une ville, je chercherais une affiche publicitaire. Il me toise comme si je savais. Non, je ne sais pas. Qu’est-ce que tu fais là ? Il ne me répond pas. Il me regarde. Je lui dis de venir, de me suivre. Je lui dis que je vais le sortir de là. C’est pas un endroit pour un homme à cheval, entre une bouche de métro et un feu tricolore, devant un marchand de hamburger. Mais il ne bronche pas. Ils me regardent de haut, lui et son cheval. Je ne peux pas les porter quand même. Comment fait-on pour porter un homme et son cheval ? Un homme tout seul, à la rigueur, on lui demande de monter à cheval sur son dos. Mais un homme avec son cheval, c’est bien trop lourd. Et ça n’a même pas de poignées. C’est pas pratique. Alors je les laisse là. Parce que le courant commence à devenir trop fort. Je suis happé par un lion qui rugit de l’autre coté du boulevard, devant un kiosque à journaux. Il veut que j’achète un lit.
C’est peut-être quand on se perd qu’on s’y retrouve le mieux
Là, l’idée c’était pas de se perdre mais de « disjoindre la ville ». Mais je me suis perdu quand même. Merci pour ton passage.
passer du cowboy au lion, c’est ça la ville mangée par les images grand format qui défilent sur les panneaux autorisés aux carrefours et aux stations de bus
mais quand même, tu ne vas pas les laisser là !
Pour le moment, je les emporte pas avec moi. Mais je sais où ils sont, je reviendrais peut-être les voir.