Bill Hornsby aurait longtemps cherché le chat sur la fenêtre. Cat on the window, c’est comme ça qu’il appelait le plan de coupe dans ses cours de cinematography. Ici pas de chat, peut-être la nuit, quand la température redescend un peu. Même les chiens sont en argiles et gardent les portails sans grogner. Elle seule nous regarde passer. Selon son humeur, elle prend la forme des toits et des carlingues de voitures. Elle se fait discrète derrière un lampadaire ou une roue de scooter, joue à cache-cache avec le promeneur fatigué qui la cherche et qui la veut. Elle est difficile à filmer parce qu’elle prend prend toute la lumière. On ne peut pas tout avoir, c’est ce qu’elle murmure dans son obscurité. Alors il lui faut bien un plan ou deux, quelque soit l’histoire que l’on raconte. Parce qu’elle nous dit beaucoup de chose, beaucoup plus de choses que le chat sur la fenêtre. Rien sur la ville elle-même, elle la dévore comme le ressac ronge la falaise. Mais elle nous offre le temps, suggère l’heure du déjeuner ou du départ. Et dans son passage fugace, elle nous dit quelque chose d’infiniment plus grand encore, nous rappelle à chaque moment qu’elle disparaîtra aussi simplement que ça, comme si elle n’avait jamais existé, qu’elle disparaîtra aussi simplement que nous sommes nés.