L’escalier de la voie Coudée je l’ai monté tout de béton marches grises rampes acier garde-corps peints corail. De l’autre côté du pont l’escalier de la Voie Coudée je l’ai descendu quatre marches de béton puis une vingtaine en acier comme léger flotte dans l’air rambardes comme fines lames ajourées. L’escalier de la Chaussée du Parc je l’ai monté il est blanc a deux angles dessine un U en béton. L’escalier de la rue des Compagnons je l’ai descendu il dessine une autre lettre un Y il laisse le choix on hésite un millième de seconde à savoir par quelle branche de la lettre le descendre il est arrondi comme une caresse des poubelles sont cachées dessous. La rampe de la rue des Compagnons plus loin je l’ai monté en haut il y a la maison avec cette forme comme un bateau on disait la rampe de la maison au bateau la proue d’un navire en bois planches alignées longées par la rampe où il faut choisir entre les marches ou la pente. L’escalier de la Route de Louviers je l’ai descendu dessine une diagonale rouge bordeaux contre les rectangles blancs posés dans le sens de la hauteur des gens vivent dedans l’escalier pour échapper au cul-de-sac d’en haut il y a une porte grise en dessous. L’escalier de la voie Verte je l’ai monté il prend son temps ses marches sont de béton la balustrade est ouverte en acier on voit à travers la brique de l’immeuble contre lequel il s’est blotti il a deux paliers et s’abrite sous un arbre plus haut que les entassements de logements autour. L’escalier de la rue Septentrion je l’ai descendu il tourne en rond joli colimaçon marches ouvertes sur le jour on voudrait l’emprunter le plus vite possible voir si la tête tournerait il est gris et résonne. L’escalier de la rue Traversière je l’ai monté angle droit vers la gauche en son milieu de béton derrière lui un parking souterrain devant un lui un large carrefour au-dessus de lui ma ville celle du haut.
Codicille : me vient l’évidence, peut-être, que je devrais recenser tous les escaliers de ma ville qui en sont une particularité, la ville d’en haut, celle d’en bas. Deux villes radicalement différentes. La ville d’en haut n’est accessible ni aux voitures, ni à google street view.
Formidable cette litanie d’escalier de la ville d’une vie. Merci Rebecca
Merci Nathalie, il y en a tellement d’autres… J’aimerais tous les retrouver: travail de fourmi!! 🙂
Si fascinée par la photo que j’en oublie le texte, quel beau jeu de couleurs et matières…
Merci Marion 🙂