Cela faisait longtemps qu’on n’en avait plus vue. Une goutte. Pas une trace de rosée une vraie belle goutte de pluie, rebondie, grassouillette, une goutte en pleine santé avec les joues bien pleines. Une jolie goutte d’eau douce. Pas de cette sueur salée qui nous trempe et nous colle les jours de grosse chaleur. De l’eau, de celle qu’on boit, de celle qui est nous pour plus de la moitié. Après la pluie de la nuit, elle était posée sur une feuille de graminée, longue route incurvée en colline. Posée sur le sommet, le vent décidera, ou un mouvement quelconque, un insecte qui se pose et fait tout basculer. Elle ira abreuver une terre assoiffée ou bien une autre plante, une plus petite qu’elle, ou revenir vers la tige qui la porte et l’aider à grandir. L’aider à grandir ou simplement à vivre. Autour d’elle, déjà beaucoup de jaune, herbes desséchées, mais qui font encore office de pièges pour les gouttes, qui ne les gardent plus pour elles mais en font profiter celles qui sont en dessous, celles qui sont à côté. Chaque feuille est différente, en texture, en structure, en couleur et en forme. Elles s’adaptent au terrain, à l’endroit où elles vivent. Ici c’est le grand luxe, elles peuvent choisir leur forme, les contraintes sont trop faibles pour imposer une norme, elles ont un choix immense, toute une palette d’espèces qui préfèrent chacune un endroit où un autre, un sol ou un autre, une lumière ou une autre. Mais l’essentiel c’est l’eau, il faut saisir la goutte, la stocker dans le sol ou la manger toute crue avant qu’elle ne s’évapore et retourne aux nuages.
Ton texte est si rafraîchissant. Merci.