Au fond du jardin, surélevée par quatre parpaings, colonisée par le chèvrefeuille, vitres brisées et couverte de rouille, git Zastava. Au crépuscule on aperçoit ses sièges de skaï brun et son volant de cuir noir. Son levier de vitesse a disparu, comme ses rétros et ses phares. Zastava n’aurait jamais imaginé ce devenir carcasse, cet échouage après avoir parcouru, chaque été, les routes du Pays-qui-n’est-plus direction l’Adriatique et, chaque hiver, les lacets des hauteurs skiables. À présent Zastava git sous l’emprise du chèvrefeuille. Sur les parpaings les essieux s’effritent. Les jours de pluie des mares d’eau brunie par la rouille l’entourent. Par son capot entrebâillé on devine la masse anguleuse du bloc moteur, ses poulies, ses bougies, son alternateur. Et quand la nuit est noire et le jardin silencieux ses contours solides donnent l’illusion qu’avec un lot de pièces et un peu de science mécanique Zastava pourrait être retapée, guérie de la rouille, remise en route – illusion que l’aube détrompe aussitôt.
Zastava mérite bien quatre parpaings de Tarkos. Est-ce ainsi que les choses meurent ? Merci Xavier, j’ai bien aimé.
Zastava mérite bien quatre parpaings de Tarkos. Est-ce ainsi que les choses meurent ? Merci Xavier, j’ai bien aimé.