La boîte aux lettres est une espèce en voie de disparition. On la trouvait naguère au coin de tous les bar-tabac, où s’approvisionnaient les fumeurs, autre espèce menacée d’extinction. Les plus vieux spécimens sont devenus pâles, avec leur gueule carrée, les horaires des levées delavés. D’autres, plus vigoureux, se campent hardiment sur un pied arrondi et arborent une parure d’une couleur intense. Leurs deux clapets épistolaires claquent férocement chaque fois qu’ils avalent une portion de leur ration quotidienne. Celle-ci devient maigre et la population de boîtes aux lettres recule. La raréfaction du courrier n’en est pas seule en cause. Le manque de blé, la diminution de l’approvisionnement en oseille publique, sont des facteurs aggravants. Tirons la sonnette d’alarme : que deviendrait notre ville sans les belles taches jaunes de son pelage ?
Belle réflexion, Laure. Si nous ôtions toutes les pustules de nos villes, que seraient-elles ? Elles ne seraient plus nos villes. Merci pour cette éloge à la beauté si particulière.
Tu penses aux boîtes aux lettres comme à des pustules ? Intéressant, ça me donne à réfléchir.
En fait, je ne pense pas particulièrement aux boites aux lettres quand je parle de pustules. Elles sont de jolies pustules, je suis d’accord. Je pensais plutôt aux passages piétons, panneaux, feux, pubs, enseignes et autre mobilier urbain. Mais tu as raison, tout ça n’est pas pustules (les affiches de pubs, elles le sont pour moi). C’est grain de beauté, appendice, organe, membre…
Oui mais quand même, cette histoire de pustule, ça me parle. Une pustule, ce qui pousse sur un organisme dont il a besoin mais dont il ne fait pas partie.
Quant aux panneaux publicitaires, tu as raison : je dirais même des verrues ! Connais-tu cette association ?
https://paysagesdefrance.org/