J’ai peu de souvenirs de mes vacances d’enfance en Sicile. J’ai quelques bribes, toujours les mêmes : des courses dans les rues sans asphaltes, cagnard, mon cousin qui s’étouffe avec une pièce de monnaie, moi chaperonne de futurs mariés …
Je refais l’inventaire des années et les mêmes images reviennent comme si je les projetais sur un mur blanc : la plage et ma peau brûlée, les heures d’ennui dans les visites de politesse, un mariage, les cris de ma tante et la peur de ma cousine, une douche trop longue qui vide la réserve d’eau…
Je partage les mêmes anecdotes avec mes parents qui inlassablement me disent « Tu te souviens ? » et nous nous souvenons ensemble des mêmes souvenirs toujours les mêmes : la descente en voiture, la traversée en bateau, les montées sur l’Etna…
Parfois le cadre des souvenirs se restreint aux photos collées dans les albums aux couvertures en tissu. Est-ce que je me rappelle ou est-ce que je fabrique à partir des clichés ?
Puis, une mémoire en appelle une autre et les réminiscences affluent mais il manque toujours un détail : une voix, une odeur, un nom… L’oubli appartient au souvenir. Il s’immisce dans l’inventaire.
J’ai peu de souvenirs et j’en ai des milliers.
Sicile : chaleur, langue, jeux, sable et rues. Revenir sur la terre de mon père, dans son village natal, l’imaginer garçon et confondre nos enfances.
Merci, Isabelle, pour ce texte. Ce peu de souvenirs nous a donné une image vivante et très belle de votre enfance !
J’aime beaucoup le final de ce texte, où les enfances du père et du fils se confondent, ça porte une lumière nouvelle sur tout le texte.
Bon voyage à la recherche des souvenirs