L’enfance ne retient pas les souvenirs si certains se jouent du corps. Des cris intimes révoquent les possibles sourires. Il y en a, sur les photos on les voit. Les adultes ne sont pas tous mal aimants, beaucoup ne veulent pas plus loin que ce qu’il voit ou ne veulent pas voir simplement. Alors tout s’est échappé.
Je prépare l’anniversaire copains de mes filles et repensent au bavarois rouge et orange des miens. Ces gâteaux et rien. Je cherche fouille trébuche mais rien. Alors je m’accroche aux gâteaux et à ce que je crois me souvenir qui ne vient que de photos longuement étudiées.
Comment font ceux qui n’ont pas les photos ?
J’ai souvent pensé aux images et à ce qu’ils disent de l’amour. Quand les images ne sont même pas là, comment se souvenir qu’un jour il y a eu désir d’existence ?
Certains enfants voguent à travers lieux d’accueil, à majorité si beaucoup de familles se sont succédées aucunes ne prend nouvelles et alors le vide. Reste parfois les parents défaillants qui ne pourront pas combler, n’ont jamais pu.
Parfois la rue, parfois la répétition de famille abandon, les filles s’égarent dans des couples qui les déchirent. Comment savoir quand on ne nous a jamais montré ?
Parfois je me tape sur les doigts, me dis qu’il y a eu, je ne me souviens plus mais je le sais. L’amour tordu voulait tellement rester caché, il a fallu déterrer pour réenfouir. Le bon n’a pas émergé avec.
Il est édifiant de voir la mémoire sélectionnée.
Je ne me souviens pas de l’enfance, des histoires lues, des câlins, des rires, des bagarres joyeuses, des copains sympas, de la famille qui aime, je me souviens du gris, de la fumée et des odeurs qu’on préfère oublier. Pourtant les gestes trouvent place avec mes enfants et ceux des autres quand il le faut alors c’est surement là et trouve sortie par les mots d’amour chuchotés aux oreilles habituées à mon giron. Elles savent et rêvent mon enfance à travers la leur.
Une enfance tronquée qui se répare avec des sutures dépareillées mais étanches au désespoir pluriel vécu et côtoyé. C’est ce que je lis au dessus de ce message. De la résilience et de la compassion actante. Merci pour votre texte. Il peut aider à écrire ce que l’on peut hésiter à écrire de peur de tomber dans le vide. Le vide se remplit aussi si on apprend à transvaser les souvenirs des autres gens.
Je tente le vide de combler depuis les naissances qui aspirent. Et puis un jour maladie et finalement l’importance moindre… Merci de votre lecture attentive.