J’ai trop peu de souvenirs de Topola. Les photos sont là pour témoigner de ma présence, de mon sourire, de ma jeunesse. Mais que reste-t-il de Topola vingt ans plus tard ? Arrivé la veille ou l’avant-veille. Dans les jambes tant d’heures de car, tant de pays traversés sans les voir. Alors de Topola il reste si peu. Cette impression de temps sans repères. Ces odeurs qui flottent, et que le nez peine à reconnaître. Topola et ses kiosques qui vendent des grillades. Topola de béton disjoint. Topola. Les gens de Topola qui vendent des trucs sur les trottoirs. Les gens de Topola qui zonent au pied des immeubles. Les gens de Topola assommés, hagards, et qui, eux non plus, ne savent pas de quoi serait fait demain, quel avenir leur est promis quand l’idée même d’avenir ne vaut plus rien. C’est bête mais c’est ainsi : j’ai trop peu de souvenirs de Topola.