9/40 Portraits des gens importants de mon quartier
Madame Caron et madame Dupuis avaient l’habitude de marcher ensemble le dimanche matin, le long du canal de Rompsay. Elles portaient toutes les deux un leggins noirs, qui soulignaient leurs rondeurs, un tee-shirt moulant, et étaient chaussées de chaussures de course. Elles faisaient cet exercice depuis plusieurs années. Ce jour-là, le dix-neuf juin 2022, pour la première fois, elles ont parlé de politique. Cela a mis fin à leur relation.
Monsieur Devançai, promenait son chien tous les matins et tous les soirs. Ce chien s’appelait Johnny. C’était sa femme qui avait choisi le nom du chien ainsi que la race de celui-ci. Monsieur Devançai, s’habillait toujours convenablement pour sortir, ce jour-là, il avait mis un costume léger en lin gris clair, des mocassins beiges à pompons. Souvent les gens souriaient en croisant ce grand homme élégant et son petit chien. Il ne comprenait pas pourquoi cela le gênait. Peut-être que si Johnny n’avait pas été un Pékinois, les gens n’auraient pas souri. Ce jour-là, à cause de la chaleur, il a explosé. Johnny n’a pas compris, quand il s’est retrouvé dans le canal.
Monsieur Clapier, un petit homme ordinaire de soixante ans. Il est chauve, de taille moyenne, il sourit facilement. Ils se sont installés avec sa femme en 1990 dans cette ferme isolée. Il aime la musique classique, surtout les opéras. Il a été ingénieur à l’ Alstom , il n’a connu que ce poste. Il est à la retraite aujourd’hui. Il s’est pris de passion pour une collection depuis dix ans. Le soir il cherche sur internet de nouvelles pièces. Certaines pièces viennent du bout du monde. Il possède plus de deux mille capsules de bières différentes. La télévision régionale est venue l’année dernière faire un reportage sur sa collection. Il a ouvert un musée en 2020. Le musée a eu quatre cent cinquante visiteurs en 2021.
Madame Engin, Claudine née en 1947 à Bagnolet. Elle a tenu pendant quarante ans l’épicerie du boulevard Sautel à La Rochelle. À la fin de l’activité de son magasin, vous pouviez par beau temps la voir assise sur une chaise devant son ancienne échoppe. Elle regardait passer les voitures, entre quatorze heures et dix-huit, heure correspondant au début de son jeu télévisé préféré. Un chat gris a provoqué l’écart de la camionnette qui l’a projetée à travers la vitrine de son ancien local.
J’ai adoré ces « vengeances » sur les gens importants de ton quartier !
Merci de ta lecture Helena, j’ai honte, moi je ne lis quasiment plus rien, j’ai l’impression de participer à une course poursuite.
Le ton neutre du journaliste correspondant de quartier dont son patron de rédaction aurait oublié l’existence et qui se serait laissé aller à commettre un « papier » avec une ironie de bon aloi mais de mauvaise haleine ( Pékinoise ?).Un homme ordinaire chauve est particulièrement pernicieux, ainsi que des promeneuses boudinées en leggins.Toulouse Lautrec aurait bien ri ! Moi aussi ( un peu coupable aux entournures)…
Merci Marie-Thérèse.
Personnes ayant peu d’avantages (et tu ne les arranges pas !…), surtout Mr Clapier qui en plus est chauve et ordinaire
Sont-ils réels ?
oh oui, et j’ai de la compassion pour l’épicière….
Merci Laurent…
Merci,Non ils ne sont pas réels , enfin si, ce sont des gens que j’ai croisé hier matin en promenant mon chien, je leur ai attribué des noms que je connais, et j’ai inventé les péripéties; Johnny qui s’appelait sûrement autrement, était bien promené en laisse par un grand homme élégant.
sale bête
Grand éclat de rire !