Il est toujours derrière la vitre celle proche de la porte face au comptoir sous l’écran de télévision. Ce qu’on voit de la rue c’est d’abord le visage. Ses lunettes ses cheveux courts blancs son visage un peu rouge. Les genoux écartés bien droits une main tient la bière. La chemise bleue et le jean. Le regard loin devant jamais vers le comptoir. Il reste là chaque jour souvent tard. Il vient avec un sac plastique peut être les courses ou le porte-monnaie rangé. Le sac plastique est toujours noué et posé sur la table c’est plus pour le porte-monnaie. Le patron du bar parle tout le temps on le voit de la rue. Il bouge astique sort entre passe le torchon. Il s’assoit avec ceux sur la petite terrasse toujours les mêmes mais eux parlent se lèvent fument te suivent du regard. C’est toujours agité ce coin de la rue d’Avron. Le patron il le voit son client qui choisit la table de la vitre. Il la frôle cette table quand il sort et vient le servir. Il aura sûrement dit le grand bonjour comment tu vas (XXX). Il connaît forcément son nom où il va après le bar. Il lui apporte peut-être ce qu’il n’a pas. Je retiens toujours ce regard et le visage qui ne bouge pas.
Je serre ma bière encore plus fort et le bar tu dois le savoir s’appelle l’Évasion. Je serre fort le verre et les bouts de mes doigts virent au blanc. Les gens qui passent voient pas les doigts. De la vitre au bout du trottoir c’est 2 mètres. On voit mon jean ma ceinture ma chemise les genoux écartés peut être mais pas les doigts. Mon visage rouge je sais pas. Ils nous appellent tous comme ça. Les attablés ceux qui bougent pas. Ceux qui sont toujours là quand les autres passent. Si on se rappelait du nom du bar l’Évasion on serait à jouer avec mon regard celui qui bouge pas. Il s’évade où le pauvre homme il n’arrive pas à suivre tous les pas du trottoir. Le plastique c’est le porte-monnaie bien joué. Quand je me lève ça serait encore à rire je vais juste à la porte à côté. Ah il s’évade il monte l’escalier de l’hôtel meublé. La porte jamais fermée les fenêtres rebouchées.
Il est venu presque chaque fois que je suis passée. Chaque fois je regarde. On a la question de la conversation avec le patron. Le patron pose les questions l’autre hoche peut-être la tête. On a toutes les autres questions sur la vie derrière.
Dans ton histoire c’est toujours toi qui passe et moi celui qui ne bouge pas.
Ça fait quoi de venir chaque jour dans le même bar à la même table juste un verre d’alcool sans bouger la tête. Est-ce qu’il n’arrête pas de boire.
On tient souvent les bières mais tous ne boivent pas.
Un regard oblique sur la ville tous les jours derrière la même vitre ça fait quoi. Est-ce qu’il suit les autres conversations.
Est-ce que tu ne sais pas regarder sans n’écouter que toi.
Est-ce qu’il n’est pas si fatigué
Tu épuises tes mots
Son regard
juste là
Valse de mots pour personnages familiers et surprise des points de vue. Merci !
merci à vous pour votre lecture, depuis quelques jours je ne le vois plus derrière la vitre …