Lui en bermuda, tongs et tee-shirt à manches courtes, elle avec manteau, gants et écharpe. Elle se retourne sur son passage mais lui continue tranquillement sa route.
Il s’arrête plus loin et se regarde une jeune fille, cheveux au vent, en train de remettre ses écouteurs qui dépassent de son sweat à la sortie d’une supérette. Il s’apprête à lui proposer un verre. Mais elle rentre à nouveau dans le magasin. Il attend.
Elle a oublié la moitié des courses que sa mère lui a demandé. Elle aimerait bien que sa mère lui laisse sa voiture ce week-end alors ce n’est pas le moment de ne pas la satisfaire. Elle retire ses écouteurs, sort un papier chiffonné de la poche arrière de son jean et contourne le rayon.
Il attend toujours quand un de ses potes arrive vers lui et lui demande s’il n’a pas froid. Tom a un jean, des baskets, un sweat à capuche zippé jusqu’au cou. Il lui propose d’aller écouter sa répet. Ils s’éloignent.
Elle sort avec une vieille dame à ses côtés, les cheveux courts, gris, avec un caddie qu’elle peine à tirer. Elle aimerait bien que la jeune fille fasse un bout de chemin pour l’aider dans la rue qui monte.
Un va et vient incessant de piétons, de trottinettes, de bicyclettes les sépare. Un jeune homme est assis par terre, avec un gobelet devant et dit bonjour à tous ceux qui passent.
Un groupe de jeunes en tailleur et costumes, telle une photo dans un mauvais paquet. Ils ont une discussion animée et marchent d’un pas vif. Ils tournent à gauche en bas de la rue sur un grand boulevard.
Il y a la queue au bureau de tabac. Un homme avec chapeau et imperméable s’impatiente. Il a envie de fumer ou alors pressé. Sera-t-elle encore à la troisième table sur la gauche en entrant dans le café ? Il quitte la file, énervé et presse le pas.
Plus bas, il ne prête aucune attention à la vitrine de la librairie. Il y a là deux jeunes femmes qui discutent tout en dévorant des yeux tous ces livres qu’elles n’ont pas encore lus. Un couple sort de la librairie un paquet à la main, souriant et croise la jeune fille avec ses écouteurs et ses cheveux toujours au vent. Elle-même dépasse le guetteur à l’entrée de la cité, jamais le même, toujours la même posture, le jogging, les claquettes avec chaussettes, assis sur une chaise, fauteuil, ce qu’on a pu récupérer, jambes écartées. Elle accélère. Elle arrive avec toutes les courses demandées. Et ce week-end, tu me prêtes ta voiture ?
Des heures à observer les gens et puis on regarde soudain l’heure et on se dit zut rien fait durant tout ce temps
Mais preuve que non
On n’a pas rien fait