Un carrefour avec un grand axe de circulation, grand au sens de la fréquentation. En périphérie de ce carrefour central, de ce bruit de voitures prédominant, une petite place avec de très grands platanes, le plus souvent abandonnée au pigeons qui viennent y chercher les morceaux de pain que les vieux du coin leur donnent. Ceux-ci s’asseyent sur des petits bancs de pierre sans dossier granuleux même texture que le sol plat qui entoure les platanes, eux-mêmes entourés en premier lieu de cercles de terre plus ou moins herbeux à clôture basse. Derrière la place en contrehaut, des vieux bâtiments usés, la plupart désaffectés dont une ancienne caisse d’épargne dont le guichet a été muré. A côté, une bande de jeunes squatte, deux assis sur une chaise longue, deux debout dont un avec un smartphone d’où sort une musique rap forte et ils parlent aussi fort que la musique et gaiement.
Un grand espace coupé en 3 en plein cœur de Villeurbanne : Au sud, un grand parking qui fait la moitié de la place avec des voitures éparses, un endroit qui semble inutilisé en dehors des fêtes municipales. Quelques grands arbres. Dans la partie nord de la place, deux autres parties, toutes étant séparées par des grilles délimitant trois espaces distincts. D’un côté un parc pour enfants, un peu triste avec sa plaque sur l’appel du 18 juin que personne ne regarde et avec ses allées trop grandes. Un magnifique sapin ample et opaque au fond. La troisième portion est un ancien parking également et réaménagé en terrain de skateboard avec deux rampes alignées. Se côtoient dans ces deux espaces séparés des jeunes enfants qui font de la balançoire face à leurs parents assis sur un banc et des jeunes qui font des allées et retours avec sauts pour certains sur la rampe, skateboard ou trottinette. Ils discutent beaucoup, font beaucoup de pauses. La rampe est sommaire et on a l’impression qu’ils sont là surtout pour discuter.
Un carrefour sans place, juste des trottoirs et des immeubles un peu ternes verts et gris, poussiéreux. Un fleuriste à l’angle expose sa marchandise à l’extérieur apportant un peu de sympathie à l’endroit.
Des axes de circulation. Deux routes se rejoignent. Le coin formé par la rencontre de ces deux routes délimite une place en escalier avec quelques arrêts de bus en haut. Pas de bancs ni arbres, une petite Eglise en face et le marché deux fois par semaine le long de la rue qui part en perpendiculaire à l’endroit du croisement. Sur cette place en escalier, ça grouille. Toujours beaucoup de voitures mais beaucoup de gens aussi qui traversent la route, beaucoup qui s’arrêtent pour discuter. Certains s’asseyent, fument, boivent une bière.
Quand on arrive le long de la rue Salengro, on débouche sur une butte à droite qui porte un mini centre commercial auquel on accède à pied sous une arche. Quand on entre sous l’arche, une jeune femme assise avec ses deux enfants à gauche me regarde en hochant la tête et en souriant d’un air triste. A droite un quarantenaire barbu avec son sac à dos m’adresse un dynamique bonjour en me demandant si je peux lui acheter un paquet de biscuit. J’acquiesce et je traverse l’arche bordé de salons de coiffure et autres magasins que je ne vois plus dans ma mémoire pour accéder au carrefour city.
Un riche carrefour mosaïque ! Chacun, chacune y trouvera peut-être sa focale… Dans mon cas, les pigeons, modestement présents mais sachant faire écho à d’autres, tels ceux de la place de Paris évoquée par Sami Tchak dans la couleur de l’écrivain…