Depuis tout petit, il a été fasciné par les rails.
Chacun des deux profilés d’acier laminé qui, fixés sur des traverses en deux lignes parallèles et mis bout à bout, constituent le chemin de roulement des trains et des tramways en particulier. (définition volée)
D’abord, à la gare de triage – PK 211 – , celle peut-être où le résistant-fusillé Pierre Pavoine a travaillé. Après l’école, il filait regarder cette toile de rails qui, s’il les suivait, l’emmènerait au bout du monde. Mais certains n’allaient pas plus loin et cela le chagrinait. Il regardait les wagons avancer, reculer. Il craignait pour la survie des hommes, qui manœuvraient les rails grâce à de gros leviers.
Aujourd’hui, il paraitrait que plus aucune activité s’y passerait. Il faudra qu’il aille vérifier.
© Vincent Grossin l’a fait pour lui. Il en a pleuré. Il a mal. Mais est-ce vraiment le même endroit ? cela justifierait presque qu’il y retourne…
Il se souvient de certains jeudis – devenu mercredi maintenant – où il raccompagnait sa grand-mère – celle qui lui apportait des galettes sablées dont il a encore le goût dans la bouche – chez elle. Un prétexte pour lui proposer le grand tour – la marche est très bonne pour la circulation du sang – en suivant la voie ferrée le plus loin possible. La voie toute proche au fil des pas semble s’enfoncer en terre. Glissement de terrain ? affaissement ? non dénivelé du sol qui descend tout doucement pour qu’on puisse enjamber la voie ferrée grâce à une passerelle de fer qui l’effrayera bien longtemps. Elle ne semblait pas très solide. Elle grinçait. Jouer à se faire peur.
D’autre fois, ils faisaient le grand tour par la place de la lune. Là c’étaient les rails des anciens tramways qui n’avaient pas été démontés au cas où ils pourraient revenir en odeur de sainteté. Il suffisait de lever la tête, les catenaires des trolleybus zébraient le ciel. Que de temps a-t-il passé à les regarder.
Basile plonge de nouveau dans ses souvenirs. Mais, un jour, ne risque-t-il pas de s’y noyer.