3 points de départ et d’arrivée liés au travail que j’ai quitté le 3 juin, 3 gares aimées-détestées, dont les visages diffèrent selon les saisons, les pluies, les canicules, les retards et les enchaînements sans encombres.
Ma destination quotidienne : Gare du Midi à Bruxelles, première gare de la capitale atteinte quand on vient du Sud. Un Sud ouvrier, gris, tempéré : le Borinage.
Gare du Midi donc, arrivée sur les voies du Thalys ou sur les vieux quais – 21 choix d’atmosphères mouvantes. Voies du Thalys : modernes, architectures épurées, trains internationaux en attente, grandes dalles grises et propres, plus de valises et plus de trolleys que sur la voie 21, souvent réservée à Charleroi, La Louvière ou Mons, inondée de canettes, de bouteilles en plastique et de masques. Descente des marches, l’un derrière l’autre, jamais assez vite, on débouche sur l’étage intermédiaire, déversement de voyageurs à gauche à droite, les habitués savent : les poissons. Les poissons chinois dessinés au sol, repère du raccourci vers le métro. Je les abandonne et je rejoins le terminus des escaliers, rez-de-chaussée en vue, agglomérat d’élèves en partance pour Bruges ou Gand, bouchons de jeunes, tas d’enfants, encombrements d’étudiants, les contourner ou leur marcher dessus ?, devant moi le zèbre, repère des réceptions Business (on se retrouve au zèbre) : papier maché ou plastique peint en noir et blanc, équidé cartoon qui tend les pattes, déjà derrière moi, je suis le mur courbe en travaux (ancien bureau de change) et je traverse le dernier couloir avant la sortie Est (à vérifier). Dehors, la rue, les klaxons, les demi-tours des bus, les SDF sous les couvertures, les nettoyeurs de rue, les pigeons, les taxis, les trottinettes, le passage clouté, le mur des fresques pubs, les éditions du Lombard, les têtes de Tintin et Milou, une fontaine horizontale derrière une des entrée du métro, le bruit de l’eau, le bruit de la ville, les conversations solitaires aux oreilles de tous téléphone horizontal à la main
Gare de Saint-Ghislain
Départ et retour, nouvelles enseignes nominatives, vieux quais constellés de chewings gums anciens, retrouvailles joyeuses, précipitations vers le parking adjacent, bâtiment rénové amputé de ses guichets, salle d’attente autonome à côté du bar, grilles de part et d’autre, à gauche les voitures, à droite les bus, devant, une esplanade qui ne vit qu’à l’Ascension, lors de la montée de la montgolfière, bordée par les taxis et un parking payant. En face, la vie qui commence : bars, tabac, kébab, écoles, restaurants, magasins, tous sur le même trottoir, au bord de la route qui relie les résidences cossues et le centre ville. Au loin, un rond-point vers toutes les directions, avec en son centre ce qui ressemble à un testicule en apesanteur : la biosphère de Charles Delporte
Gare de Mons
Correspondance, départ de secours en cas de ratage, mangée par le projet Calatrava, un dragon d’escalator et de tôle qui ressemble plutôt à un canard, station provisoire, rouille, passerelle, grilles renversées, quais stériles, alternatifs, flèches au sol vestiges du COVID, plan de la ville et annonce des prochains trains sur une télé en hauteur, boîte pour le libre service du magazine metro, des punks à chiens, des SDF, des mendiants, des histoires qui se racontent si on s’attarde, les bus, le kiss and ride, le ring intérieur qui file devant les arrêts, un bal de voitures, next, à pied, vers le centre ville, des pieds sur la piste cyclable, des vélos qui râlent, …
La sortie de gare : un espace partagé, en rééquilibrage permanent, évitements et cession de places, faufilages et croisements.