Château d’eau : des rabatteurs attendent à la sortie du métro Château d’eau. Ils haranguent les passants pour les attirer dans les nombreux salons de coiffure africains de la rue du Château d’eau. On dirait des turfistes hurlant à l’arrivée du tiercé à Vincennes, des paparazzis crépitant sur les marches du palais du festival sur la croisette, des parieurs vociférant autour du gallodrome à Roubaix. Hé, beauté, tu veux des tresses ? Leur convoitise aurait presque quelque chose d’excitant (on aime parfois se sentir attendu) mais leur appétit est aveugle ; ils hèlent indifféremment les chauves et les chevelus, les hommes et les femmes, les enfants et les vieillards. Le charme est rompu. On passe alors tête baissée devant l’Afro Nation, Diana D’orée, Bintou Belle, Zeynab Style, New Palace, Prestige 55. Sur le trottoir, des clientes fument entre deux tresses. Des touffes de cheveux naturels ou artificiels s’amoncèlent dans le caniveau.
Ludovico magno. Au pied de l’arc de triomphe de la porte Saint Denis, une volée de pigeons roucoule et dépose une couche épaisse de fiente La porte marque surtout la fin des grands boulevards alors que sa vocation première est d’ouvrir l’ancienne route de Saint Denis. Devant le Monoprix Tout Va Bien, des occasionnelles chinoises font le tapin. Pour elles, ça va moyen.