Un trou carré – Des marches – C’est un début d’une fin – Quelque chose se termine ou s’interrompt – On va demander conseil au diable, aux morts – On rentre en hibernation –On rompt les enchaînements du récit pour faire un trou noir.
….Obscurité complète dans une grotte sans aucun reste de lumière, comparable à un silence absolu, chose qui nous parait impossible….
Je m’enfonce dans ce noir – J’ai une part active dans ce mouvement – Le noir semble me dévorer mais ce sont pourtant bien mes jambes qui m’y emmènent – Comme dans la mythologie grecque : les êtres vont vers leurs tragédies dont ils ignorent l’ampleur : en ce sens, elle les dévore mais ils en restent l’élément déclencheur – C’est la curiosité d’Orphée, la perte des repères de Dante dans la divine comédie – Pendant que ça hurle là haut, pendant qu’on m’appelle, pendant que les gens se cherchent dans la lumière, en tentant d’annihiler l’ombre, je descends à tâtons les marches vers un inconnu, vers le seul noir véritable et qui est sous terre.
….Passons une journée dans une grotte avec de maigres lampes entourée de la nuit seule qui nous regarde de derrière nous. Solitude perçue de la nuit noire quand on a nos lampes. Elle nous envahit quand on les éteint. Le temps passé dans cette grotte augmente notre perception de la solitude de la nuit. Passé l’excitation, la curiosité, passé l’heure du repas puis l’heure de dormir, là commence à se faire sentir de loin la solitude encore extérieure à nous de la nuit, du noir profond mais qu’on repousse, un peu écoeuré…
Je suis maintenant plutôt sous terre mais je vois la lumière extérieure en levant la tête – Trou de lumière cette fois qui s’éloigne – Les trous sont inversés – Je me tourne vers le bas, happé par la nuit – Le sous sol, étonnement, regorge d’espaces immenses auxquels on arrive en traversant des antichambres qu’on croit d’abord représentatifs du sous sol mais qui, en réalité, sont beaucoup plus étroits, moins creusés, moins habités même, moins exploités éventuellement –Puis on arrive au pays des lutins – Les mines de sel de Wieliczka : d’immenses salles très loin sous la terre (je ne mesure pas la distance : descente en ascenseur puis escaliers interminables) et cette Eglise de sel qui y est fabriquée avec même une boutique à touristes attenant à l’Eglise.
…De grandes voûtes, des grandes formes magnifiquement et continûment creusées où la rondeur est de mise grâce à l’humidité continue…
Il n’y a plus de lutins, semble t’il – Le réseau souterrain semble être une prolongation de la surface, à la différence qu’on l’oublie et qu’il est invisible la plupart du temps – Il nous faut des cartes pour nous les rappeler et nous les faire comprendre, nous faire sentir leurs proximités avec nous comme un réseau neuronal souterrain – le réseau neuronal est lui-même invisible mais il est nous.