C’est en pente. On descend. On descend toujours. On descend dès l’entrée de la ville lorsque l’on quitte la voie consulaire. On ne fait que descendre. On descend, mais comme les routes sont sinueuses, serrées, pas de perspective, on ne voit pas le bas, on reste dans sa tranchée de ciel. On sait qu’il y a quelque chose en dessous. On sait que ce n’est pas la roche sans fin jusqu’au centre de la Terre. On ne sait pas vraiment ce qui est sous soi. L’appartement de la rue en contrebas est sous le tien et se poursuit sous la route. Chaque flanc de colline, chaque pente est percée. Les caves entrent très profondément dans la roche, jusqu’à ce que la température soit constante, ignare de l’été et de l’hiver. Fait, le vin était rangé dans les caves. L’entrée est scellée par des murs. Des années plus tard pour un mariage ou pour une communion le mur était abattu, les bouteilles sorties et bues. Il en reste tant, des arcs murés. Il n’ y a pas que le vide derrière les parois, on le sait. On ignore jusqu’où les tunnels se prolongent. On sait qu’ils menacent la stabilité de la place. On sait que la roche est docile à la pioche et facile à l’eau. Elle l’accueille presque avidement. Autrefois autant de lavoirs que de boucheries. Les nouvelles constructions sont menacées dans leurs fondations. C’est seulement à la fin de la ville, au point le plus bas, sur la petite esplanade devenue parc, dégagée par un tremblement de terre au siècle dernier, c’est seulement là que l’on peut voir loin, le dessous de la falaise, puis la vallée. la forêt. Le contrepoint ce serait la montagne solitaire au milieu de la plaine, plus au Nord, la montagne nommée dans une ode, mais elle est percée de grottes naturelles, elle a été dépecée par des carrières, elle a été tranchée pour construire un bunker, d’abord les fascistes, puis les Allemands, puis un abri atomique.