Rien qu’une descente en béton crénelé pour éviter le dérapage quand il pleut ou gèle, on l’aborde en contournant la maison, en fait le seul accès à la cave – un lieu réservé au père qui y stocke ses tonneaux et y paie un coup à boire aux visiteurs de sexe masculin –, il y règne une odeur de moisi et de vin aigre, aussi un coin pour réserver des provisions et un bac rempli de sable pour conserver les carottes en hiver. Quand elle y va, elle a l’impression de pénétrer un sanctuaire, un lieu qui appartient au père, elle n’aime pas, elle fait vite.
Sanctuaire résonne avec bâtiments religieux, catacombes. La cathédrale l’impressionne par sa hauteur, encore plus le dédale qui s’ouvre sous les pieds avec chapelles secrètes et sépulcres en pierre alignés. Vision d’ossements et de crânes humains. Elle suit le chemin indiqué, hésite à glisser plus avant sous la terre.
Sous la terre. Underground, mot associé au Velvet, à la musique, à la nuit quand les choses folles deviennent possibles. Un nuage de fumée rose s’échappe d’une bouche de métro sur la pochette de Loaded. 1970, dernier album, ils se séparent. Elle descend plus bas encore dans ces caves à musique humides et grasses. La musique frappe la peau et le ventre, le corps réverbère chaque note, s’épuise en frottements et mouvements de reptation jusqu’au matin.
Reptation, homme en train de ramper, ou plutôt silhouette à demi humaine entrevue dans le labyrinthe souterrain d’un bazar d’une ville indienne, ville immense, hors imagination, ce sentiment de descendre plus bas à chaque pas, de se perdre, la chaleur est suffocante, les odeurs violentes, les échoppes à encens, les yeux exorbités des marchands, les infirmes couchés au pied des marches dans la saleté et les ordures, les mendiants, les lépreux, ils n’ont plus de mains ou de nez, elle se perd pour de bon, éprouve de la terreur.
Il n’y a plus de sortie quand on pénètre trop avant le dédale sous les châteaux de sable. Le trou est immense. Elle y tombe comme du haut d’un immeuble, son cri ne vibre pas mais s’enfonce dans la masse sédimentaire taillée par les griffes d’une colonie de taupes qui a installé là ses quartiers pour survivre, elle n’y reconnaît rien mais peut-être devient-elle plus légère à force de tomber et peut-être que ses yeux se transforment, deviennent capables de percevoir certaines lueurs blafardes ou ultraviolettes qui remplissent les fissures entre deux mondes.
Très chouette, le lien musical avec le Velvet !
Cette idée que, sous terre, on peut se laisser aller à toutes les excentricités…
Merci pour ce moment de lecture.
Merci Grégory pour l’écho… mais oui, sous terre on échappe à la surveillance, à la traque !!
A chaque texte, l’angoisse de descendre plus bas, de ce que l’on peut y découvrir. Cheminement, découverte, instinct de survie ! Le dernier texte est terrifiant et si beau !
Oh salut Helena, comme je suis heureuse de te retrouver là…
Tu sais, j’essaie de rester présente comme je peux en ce moment…
tellement merci pour ta lecture et ton écho si doux…
Bonsoir Françoise
Un bel enchaînement de textes hétérogènes seulement en apparence.
Dans tous on retrouve un certain malaise, une certaine angoisse qui les relient.
Merci pour cette lecture très agréable !!
Salut Fil, contente de te retrouver…
merci pour ton retour de lecture et tes impressions
un texte écrit en sous-sol juste en laissant venir les images, sans réfléchir à ce qui est en train de surgir
J’aime beaucoup les ricochets d’un paragraphe à l’autre, qui amènent à ce dernier paragraphe magnifique.
Surprise et bonheur de recevoir des échos quelques semaines plus tard… une invitation à se souvenir des circonstances de l’écriture…
merci Laure pour ton passage