Calcutta mars 2012. Je me suis toujours méfiée de leurs dieux. Allez cours petit homme.
Il court déjà les petits mollets les sandales le dessous des pieds si secs. La tunique blanche qui vole ouvre les cuisses les poils à tire d’aile. Il arrive sur la place celle après le marché on voit le Gange et ses bulles noires. Coup d’œil l’animal n’est plus là le temple marbre blanc les hommes à terre pour les offrandes. Achète ils lui disent ma guirlande ma boule de sucre. Petit homme n’a pas le temps il bouscule se déchausse sort ses pieds. Petit homme sent la marche ça colle. Le marbre est noir la poussière des pieds le gras des corps. Petit homme sent le vêtement devant petit homme se sert des mains touche le corps lui demande d’avancer. Petit homme colle ses pieds passe les marches encore et encore. La main sur le mur trouve une autre main trainée de mains de pieds dans les escaliers petit homme. La goutte rouge l’animal déjà égorgé l’autre marche l’autre goutte descends petit homme pousse les corps. La marque rouge la grosse la trainée. L’animal égorgé déployé marche par marche touche le mur. Petit homme sue ouvre sa bouche cherche le dehors. Odeur d’animal dépecé descends-lui disent les corps. Petit homme sait la main qui va se tendre petit homme sent les pieds qui collent. La main tendue donne petit homme le prêtre à moitié nu l’énorme ventre le drap blanc sur les jambes. Donne ton billet. Donne l’argent tu pourras descendre. Petit homme ne voit plus. Petit homme cherche dans ses cuisses dans ses bras dans ses pieds. Petit homme s’appuie au mur imprime la trainée marque son corps. Petit homme ne veut plus descendre mais ne voit plus le dehors. Petit homme tombe. Il est comme l’animal tenu par les cornes marche par marche avalé. Petit homme disparu avant tu ne courais pas tu ne collais pas tes pieds. Tu es descendu bien profond si profond mais pas là où est le sang. Pas là où est le billet. Tu te souviens Delhi le parc et ses ruines. Tu te souviens le grand puits et le trou au fond. Petit homme disparu rêve reviens aux ruines. Petit homme reprends ta marche pose ta main sur le mur descends je te retiens. Tu repasses les marches tu sens la pierre le froid du fond. Tu repasses les marches tu n’as plus besoin de lumière des autres corps et de la trainée du sang. Tu files les marches tu sens le fond et le noir petit homme. Tu t’appuies au mur tu as ton corps tes mollets tes petits pieds. Petit homme tu arrives il n’y a plus de marche. Cherche dans ton corps le petit papier enveloppé. Tu n’as pas de billet juste le petit papier. Petit homme souffle lentement rappelle toi tu pries tes dieux. Tu as mis ton nom qui tu es. Tu as tapé le texte ce matin et tu l’as imprimé. Petit homme marche par marche qu’est-ce que tu voulais demander. Toi l’animal trainé par les cornes tu as déjà oublié.
à chaque proposition je me demande comment ça peut fonctionner en quittant l’univers occidental, c’est un des enjeux majeurs…
je me souviens dix ans après parfaitement du carrelage blanc (pour mieux nettoyer chaque soir) qui recouvrait le mur de cet escalier et les traces de sang
C’est magnifique…
oui à vous deux ça joue sacrément au ping-pong !
Merci pour les invitations au voyage ! 🙂
L’argent oui, le rapport au sacré/profane. Je ne sais pas pourquoi puisque apparemment ça n’a rien à voir, ça m’évoque une scène dans le maître et Marguerite, des gens vendent (leur appartement?) pour une fortune mais quand ils arrivent à la banque la liasse de billets est transformée en papier journal tandis le diable est réellement installé chez eux.