Depuis les villes englouties, les bateaux échoués aux épaves restées couchées sur le flan soyeux du fond sablonneux, les avions abattus et parmi eux celui du père du petit prince qui aura fendu le cœur à des générations d’enfants, mais non il ne faut pas se laisser aller à rêver quand la narcose est la pire menace, respirer et palmer, voilà se qu’il faut faire, décontracter le corps pour consommer le moins d’oxygène possible, bouger avec parcimonie, la ville engloutie est celle d’en haut, je le comprends maintenant, les paliers à respecter pour avoir le droit d’y pénétrer à nouveau, la quitter par le fond était un sacrilège, ils le verront comme ça, il faudra payer peut-être, l’esprit n’est jamais tranquille, il suffit de si peu de chose pour qu’ils n’accordent pas le laisser passer, le billet retour, alors ce sera passer d’un monde flottant à un autre, plus jamais les pieds sur terre, le corps sera devenu un souci de moins, quelque chose de superflu, l’esprit ne pensera plus je suis, comment pensera-t-il, le détendeur indique la réserve, mes inspirations sont comptées, j’aurais dû me douter qu’ils avaient un plan pour nous permettre tous de plonger gratuitement, de visiter le palais englouti, celui dont on racontait que l’or qui le recouvrait rendrait nos torches superflues, tout le fantastique que je m’étais imaginée pouvoir écrire après cette plongée-là, qu’avoir été choisie, moi qui n’avais jamais tiré un seul billet gagnant de toute une vie, il faudrait… personne pour me prêter son détendeur… je suis seule… où sont les milliers d’autres qui palmaient avec moi… je suis… le penser une dernière fois
Les villes englouties, sais tu qu’il y en a eu des villes sous les mers, les lacs, etc. Légendes ou pas, les villes englouties font partie de notre univers. Merci Anne pour cette jolie plongée – On se retrouvera tout en bas dans les eaux profondes 😉
Merveilleuse exploration….
et totalement l’inconnu pour moi, la plongée (terreur !!)
et bravo pour ces phrases incroyables « décontracter le corps pour consommer le moins d’oxygène possible, bouger avec parcimonie, la ville engloutie est celle d’en haut, je le comprends maintenant »
Merci, Françoise, toujours de ta lecture et de ce que tu relèves.
Tout ton texte m’a fait flotter entre deux eaux, ne sachant pas où tu allais m’emmener, et jusqu’au rythme de la phrase qui accentue cette sensation. Bravo.
Merci, Laure, de ton passage et de ton retour précieux. J’aime bien ton flotter entre deux eaux. Je n’y avais pas penser…