L’ascenseur : vient le jour où on le prend seul, avant l’âge autorisé, avant l’âge de raison. L’odeur du lino gris. Les portes se ferment. Appuyer sur le bouton RC, au-dessus du bouton « cloche » rouge – danger. Le mouvement s’enclenche, un décrochage et une descente isolée. Commence la chute, sensation dans le ventre, se découvrir face à soi, seule dans le reflet du miroir de cette boite étroite. Rien ne bouge dans cette image, la descente est à l’intérieure. Puis les derniers escaliers jusqu’à la boite aux lettres. Puis le colimaçon pour aller jusqu’au sous-sol, frais, odeur de caoutchouc, apprendre le roller sur un bitume parfait et glisser assise sur les rampes d’escalier, pour aller plus vite, plus vite, jusqu’à la cave.
Ne pas rester, ne pas trainer.
Pourtant j’y arrive, je viens chercher quelque chose, je reste immobile, rien ne vient…tout devient liquide et glisse. Je descends sous la table de la cuisine, enlève un bout de carrelage, creuse un trou, une galerie, c’est lumineux, je ne cherche pas de sorties, il fait bon, il fait frais, je lève la tête, je vois en transparence les pas, les pieds au-dessus de ma tête, qui s’agitent, vont et viennent, se jouent la vie.