Été 2020 – Notre-Dame des Landes : les Escargots – ferme hélisicole en création, la Sècherie – lieu de vie en construction, visites et atelier de fabrication de briques de terre, les Vraies Rouges – lieu de vie et jardin présentation du maraîchage du Rouges et Noires et du jardin médicinal. Ils disent les parcelles du plan local d’urbanisme ne correspondent pas à la réalité du vivant. Ils disent les cartes sont fausses. Ils disent il faut redessiner. Dans le PLU il y a les zones… Ils disent il faut créer des continuités et des circulations… ils disent on peut construire de l’habitat léger sur les zones agricoles…
Zone A zone agricole Zone AB sous-section zone A, usage agricole Zone AP zone d’agriculture protégée Zone AU zone à urbaniser Zone N zone naturelle et forestière Zone NA future zone d’urbanisation Zone NB zones d’urbanisation diffuse Zone NC zones de richesses naturelles Zone ND zone naturelle à protéger Zone NE zone naturelle écologique sensible Zone NH zone naturelle constructible sous conditions Zone NI ou NL Campings, équipements sportifs et loisirs Zone NP protection des captages d’eau potable Zone UA zone urbaine mixte Zone UB zone d’extension urbaine Zone UC zone urbaine mixte Zone UCA zone d’intérêt paysager Zone UCB zone d’habitat individuel isolé ou groupé Zone UD zone urbaine de faible densité Zone UP zone portuaire, fluviale Zone UE zone urbaine commerciale, artisanale et industrielle Zone ZH zone humide
Ils disent il ne faut pas cartographier ainsi, il faut chanter les lieux, penser les lieux, vivre les lieux. Dans les espaces fluides qui s’interpénètrent, l’un d’entre eux s’égare. Il emprunte une allée du bocage. Il ne trouve plus la bicoque. Un champ, à la place de l’oreiller des endives. Il cherche encore. Ils disent il ne faut pas segmenter : la réalité est multiple. Il cherche le parquet il cherche la bicoque. Zone portuaire fluviale. De petits bateaux de papier et des grenouilles dans un port minuscule. Il dort dans le bateau. Zone urbaine de faible densité. Il s’éveille. Le rythme lent des ruelles désertes. Le bocage absent. Ils disent il faut recréer des continuités. Ici les cartes sont liquides. Il a les mains mouillées. Zone d’urbanisation future. Il y a un terrain et de la pelouse. Peut-être un jour la bicoque. Il s’endort. Il se réveille. Zone humide…
Juin 2022 Aubervilliers. Stalker. Urbanisme nomade. Mouvement d’architectes italiens. Ils tissent et structurent, le lien et la ville. Ils sont autour d’une table en bois dans le laboratoire d’innovation comme on dit. L’homme connaît un autre homme qui lui a prêté : la carte. Elle est étendue sur la table en bois entre des portions de pastèque grignotées. C’est Paris et sa banlieue proche. Ce n’est pas une carte topographique. Ce n’est pas un plan classique. L’homme dit que l’homme qui lui a prêté n’est pas satisfait des cartes mises à sa disposition. Il veut une carte de promeneur. L’autre homme dit que lui aussi est promeneur. Il était directeur de théâtre. Désormais, il arpente les rues. Il dit, le plus intéressant dans la mise en scène, dans la réalisation, c’est le repérage. Il arpente et il repère. Mais l’homme qui a prêté la carte dit certaines choses ne sont pas inscrites sur la carte. Il ajoute des couches. Il n’est pas géographe. Il n’est pas responsable SIG – système d’information géographique comme on dit. Il est arpenteur. Il superpose les couches. Le promeneur ajoute des couches sur des couches. Il dit le promeneur embarque des sensations et des lieux qui ne figurent pas sur la carte. Il utilise les cartes IGN. Il superpose. Il intègre les cités et leur date de construction, la forme du bâtis, la localisation des traces de pas dans les bacs à sable, chaque jour différente mais correspondant après trois mois de repérage, à un schéma récurrent, aisément transposable, couche par couche. La carte ne s’ouvre plus sur pdf. Il trace les couches sur papier. Promenade après promenade. Ils arpentent à plusieurs désormais. Ils disent : nous allons corriger la carte, il faut actualiser la donnée. Il y a tant et tant de données à collecter et autant de données à actualiser. Ils ont pris le chariot pour traverser la banlieue proche. Et ils ont mis la carte et toutes ses couches agrégées dans le chariot. Sur le dessous de la carte, la première couche déjà s’effiloche. Elle doit être mise à jour. Il rapiècent et mettent à jour avec des brindilles et de la colle, avec des feutres et des gommettes. Ils ajoutent une nouvelle couche, localisent les nouveaux graffitis qui chaque jour naissent, chaque jour s’effacent. Ils s’ajoutent aussi, se dessinent sur la carte. Ils se mettent à jour sur la carte. Ils notent les cellules qui naissent, les cellules qui meurent. Ils arpentent le quartier, ils arpentent la banlieue proche avec le gros chariot, ils laissent de larges traces sur la route, qu’interprètent les oracles.
Suis allé stalker les Stalker, merci pour ce partage
Ils n’étaient pas loin d’ici il y a quelques mois, bon arpentage 🙂
Rétroliens : #40jours #40 | L’impression très joyeuse de la connaître / pour un art poétique narcissique – Tiers Livre | les 40 jours