Ma carte, elle est pliable, rien de très original, je l’emporte avec moi presque tous les jours. Elle possède une légende. Mais je ne vous en dirai rien. On n’est pas obligé de tout dire. Peut-être que le meilleur d’une carte est au dos. Cette carte possède : un nord ensoleillé, un est froid et solitaire, un ouest venteux et heureux, un sud couleur d’abyme. Les rivières y sont nombreuses, une grande partie est blanche et inconnue, il y a quelques maisons et quelques immeubles dessinés au crayon noir. Mon guide, il a peu de chapitres, je l’écris lentement. Je laisse l’ennui effacer les lieux, les gens, et le temps. Je ne garde que le bon. Quand je le feuillette, je les vois, le soleil brille, la page s’anime et les rires fusent. J’écris quelques lignes chaque jour, je ne veux pas qu’elles servent de guide à mes proches, j’espère qu’en les lisant ils me comprendront un peu mieux, qu’ils excuseront quelques erreurs. Le dernier chapitre, je ne l’écrirai pas, c’est ma septième balle. Mon plan: j’aurai tellement aimé avoir un plan. J’ai fait sans, je m’en suis pas mal sorti. Rien n’était écrit. J’en ai vu qui se trompait de chemin si tôt, qui se lançait si jeune dans de mauvais plans. Avec le temps, je sais que j’ai eu de la chance, bien sûr, il y a eu quelques détours, quelques arrêts prolongés, mais je suis arrivé là. Maintenant, je pourrais suivre un plan, j’en serais peut-être capable, mais je n’en veux plus. J’aime ma liberté et je me méfie encore plus des guides, des cartes et des plans.
Une carte à suivre donc… 🙂
J’adore l’adverbe peut-être.
Ce texte me parle beaucoup, presque : il dit « tout ».
Merci Laure