Je n’aime pas les cartes. Du moins, je pense ne pas les aimer car je n’ai jamais pu correctement m’en servir. Je me perds sans cesse. Il m’est nécessaire de réaliser au moins dix fois un trajet pour commencer à l’intérioriser. Alors, me direz-vous, pourquoi n’utilises-tu pas une carte ? Tout simplement parce que je n’y retrouve pas ! On est où, là, maintenant ? A cet endroit-là ? Ou là-bas ? Et on doit aller où ? T’es sûr ? Je dois remonter ou descendre la rue ? Mince, ça ne correspond pas à l’endroit où je me trouve… Bref, ça m’ennuie profondément et je perds toujours un temps dingue à m’orienter correctement. Alors oui, ma carte personnelle, celle à je confie ma vie et mes déplacements et qui finira toujours bien par m’amener à bon port, c’est Waze, fourni par mon instrument d’addiction totalement assumé qu’est mon smartphone. Mon Saint-Graal de tout chemin que j’emprunte, qu’il soit motorisé ou à bout de sneakers. Ce n’est d’ailleurs par pour rien que mon tout premier achat, après avoir perçu mon tout premier salaire, ce fut un GPS. A moi les routes ! Et comme je suis un maniaque de la ponctualité, je peux même à la minute près prévoir mon heure d’arrivée. Elle n’est pas belle la vie ?
Et puis, avec un peu de recul, j’ai aussi appris à me méfier des cartes. Elle ne sont jamais qu’une construction humaine, un point de vue d’un territoire à un moment donné et en fonction d’un contexte bien précis. Ce ne sont que des projections subjectives. Prenez deux secondes, fermez les yeux et imaginez-vous une carte du monde : il y a de grandes chances qu’apparaisse alors dans votre esprit la carte dite projection de Mercator. Cette dernière date de la fin des années 1500. Ce brave bougre de Mercator était d’origine hollandaise. On ne pourra donc pas le blâmer d’avoir mis l’Europe en plein centre de la carte ! Mais… n’oublions pas que la terre est ronde (désolé les platistes!) et donc n’importe quel territoire aurait s’y trouver, au centre. Or, mettre un espace au milieu du monde est bien symptomatique d’une vision totalement subjective! Aussi, plus on s’éloigne de l’équateur et plus on se dirige vers les pôles, et plus les déformations territoriales sont dès lors importantes. L’Inde semble avoir la même taille que la Scandinavie, alors qu’elle quatre fois plus grande. L’Europe paraît plus étendue que l’Amérique du Sud, alors qu’elle est deux fois plus petite. Et puis, allez, une dernière pour la route et ô combien symbolique : l’Afrique apparaît de taille équivalente au Groenland alors qu’elle est de 14 à 15 fois plus étendue. Et nous, brave Européen.nes, nous prenons cette carte comme étalon de mesure, comme référence implacable alors qu’elle n’est qu’une vision politique déformée de la réalité. La carte et le territoire.
Bref, vous l’aurez compris : je n’aime pas les cartes.
Moi non plus je n’aime pas les cartes mais j’ai aimé la carte et le territoire de M. Houellebecq et j’aime bien votre texte, merci et bonne route.