J’ai la tête qui tourne à plus d’un titre. Sur la table en vitrine ils sont justement à l’envers. La porte vitrée émet un tintement à l’entrée d’un client, littérature italienne et espagnole et portugaise aux étagères discrètes, littérature d’autres pays, table pour les français, table pour les vendeurs, table pour les nouveautés, les gros pavés ne sont pas trottoir comme hier mais produit et terreau à la fois de l’écriture, tout un mur de littérature française, jusqu’au plafond, avec des noms, quels noms ! avec des mots, quels mots ! Les libraires sont à l’étage. D’une percée surmontée d’une arche, dans l’axe de l’entrée, ils saluent qui passe la porte, ils avancent leur regard, ils surplombent leur domaine. Escalier. Sur les marches sont posés tracts, manifestes, périodiques, essais. Des tas de papier imprimé. Étage. La poésie est dans un coin choisi, derrière la rambarde (dans cette ville est mort Rimbaud), étagères pleines sur tous les murs, les tranches des livres sont à dominante blanche, avec des lettres noires, de diverses hauteurs, de diverses épaisseurs, tables pour l’histoire, la sociologie, la géographie, les beaux ouvrages d’urbanisme et de paysages, les libraires sont assis derrière un bureau de bois avec ordinateur, caisse, et derrière eux il y a une porte obscure où ils ne vont que sur commande. Plus loin on ne voit pas. Les livres se couvrent de vert. Les livres parlent de bois, de fleuves, de forêts, de biodiversité. Les livres parlent de quoi ils sont faits.
L'Odeur du temps est ma librairie d'attache, mais je lui suis souvent infidèle, tant nous avons de chouettes libraires à Marseille.
Quel beau texte et quel bel hommage ! « Les livres se couvrent de vert. Les livres parlent de bois, de fleuves, de forêts, de biodiversité. Les livres parlent de quoi ils sont faits. » , comme si les livres étaient le dernier vestige et témoin de la Terre.
belle idée et très belle chute
Du temps que j’étais parisienne, j’avais aussi ma librairie à deux pas de chez moi : Jonas. A Lissieu, ni librairie, ni café; ce que l’on perd de la ville !