Poser les yeux au plus près du trottoir, s’attarder sur un regard, probablement de câbles, grande plaque oblongue (découvrir a posteriori le béton lavé à base de gravier de différentes couleurs, de grès ou de quartz), béton lavé donc ou morceau de plage de sable et galets en 2D encadrée de fonte, coins renforcés par des triangles, de fonte eux aussi, percés de trous, en dehors de la plaque des pavés aux mille nuances de gris, traces blanches comme des lignes d’horizon et repenser au célèbre slogan de Mai 68, bien qu’ici juxtaposition et non superposition ; faire glisser ses yeux plus loin vers d’autres regards, quant à eux probablement hydrauliques, mandalas de fonte et de sable dans trottoir de pavés en béton plus classique ; passer ensuite de pavés en béton coloré de rose, de gris et de gris sable, marqueté de quartz blanc, à des pavés à l’ancienne, granit ou grès couleur sable, ocre, rouge, formes inégales et, typique du trottoir bruxellois, le pavé descellé ou le pavé manquant, ne jamais relâcher l’attention sur ce type de trottoir pour ne pas se retrouver encore plus près de lui, pour ne pas l’épouser et ressortir de cette union forcée couvert de bleus; se couler ensuite vers un autre grand classique du trottoir belge, le trottoir en dalles de béton de 20 x 20 cm couvertes de taches noires façon chewing gums plaqués et noircis par la patine du temps et, en cas de pluie, louvoyer entre les dalles descellées pour éviter d’indésirables éclaboussures aux mollets, couverts ou non, puis, en fin de balade, manquer s’étaler une nouvelle fois sur des dalles de pierre bleue ou de granit devant l’accès au parking d’un magasin, détachées et soulevées par le passage continuel de véhicules. Se surprendre, le lendemain, à regarder les sols de la ville avec des yeux neufs.