Désordre chronologique.
Villers-Semeuse (08 – Ardennes – Grand-Est – France – 3 594 habitants) :
Un grand portail, qui lui paraissait immense chez Tonton Georges et Tata Déa. Une maison imposante — la dernière fois qu’il y pénétra, Apollo 11 entrait dans la légende de la conquête spatiale — on entrait par une petite porte sur le côté dans une grande pièce. Une énorme télévision. Un homme marcha sur la lune ce 21 juillet 1969.
Puis plus rien.
Les souvenirs se sont effacés avec la perte des occupants et la distance.
Le Mans (72 – Sarthe – Pays de la Loire – Grand Ouest – France – 143 325 habitants) :
Coin de la rue Pierre-Pavoine (une seule rue en France porte ce nom) et du Boulevard Jean-Jacques-Rousseau (393 occurrences avec le seul patronyme et seulement je ne sais pas Google Earth me le cache pour le boulevard), une rangée de maisons reconstruites après la guerre de 1939-1945 (dégâts dus aux bombardements de la gare de triage à moins de 500 mètres à vol d’oiseau).
La première qui lui a laissé un souvenir, ni bon, ni mauvais, celle de sa période deux à à peine dix ans. Monter une petite marche, ouvrir la porte en bois avec imposte de l’entrée, s’avancer dans le couloir et blanc… trou noir, chute dans la cave — non impossible l’accès était par l’extérieur — tout se mélange. Reprise de la caméra tenue à bout de bras — ne pas regarder ses pieds, regarder devant soi, porte avec verre cathédrale dans sa moitié supérieure — non, Basile s’entendra-t-il soudain dire à haute voix tu mélanges deux maisons — porte poussée, cuisine vaste rectangulaire, porte en face à face donnant sur le jardin — et direction l’étage… mais où est l’escalier. Une grande pièce avec une cheminée en marbre noir — Basile se souvient noir veiné de blanc — cheminée source de cauchemar — si la plaque qui la bouchait se détachait, s’il était happé, happé… jusque dans la cave ou de sombres souterrains. Il se souvient aussi de lui à quatre pattes avec une longue épingle ôtant la poussière incrustée entre deux lattes du parquet. Pas une punition. Non, cela lui plaisait., il aimait ces petits tas de poussière le long des lattes. Ensuite il fallait les balayer sans les remettre dans la fente. Un berceau au milieu. Un intrus !??? Non une petite sœur que ses parents lui avaient offerte pour la fête des mères de ses huit ans. Basile « n’avait rien demandé. Ce n’était pas sa fête ni son anniversaire. Horreur et désespoir. Il ne voit plus que le berceau ou le landau ou le couffin ou le petit lit. Il ne sait plus.
Les souvenirs se sont effacés quand il a quitté cette maison.
Saint-Jean-d’Assé (72 – Sarthe – Pays de la Loire – Grand Ouest – France – 1 773 habitants) :
Étriché (49 – Maine-et-Loire – Pays de la Loire – Grand Ouest – France – 1 538 habitants)
Deux longères et les souvenirs en vrac.
Les Boires c’était où dans la Sarthe, non c’était les Herseries. Basile bégaie dans ses souvenirs et dans les noms des lieudits.
Laquelle avait un grand four à pizza dans la pièce qui servait d’entrée ? Basile cherche frénétiquement dans le carnet aux mille roses, ne trouve pas, s’affole, s’effondre.
Que de souvenirs dans ces maisons ! mais trop confus.
Autant jeter la plume…
Ce qui précéda le texte : Basile eut soudain envie de plonger dans le passé. Des lieux s’imposèrent, mais il ne sut lequel choisir. Il se les remémora, caméra au poing non à hauteur d’œil et, pour ne pas les oublier, les consigna dans le carnet aux mille roses, le trente-deuxième du nom. Basile a failli tout jeter par-dessus bord. Son moral est tombé dans ses chaussettes. Par temps de canicule, il aurait dû les enlever et plutôt mettre un chapeau de paille.