Ce portrait vieux, pas beau, d’une personne du passé, couleurs grises, attriste tout le fond de la pièce. Pièce en longueur ou plus on va vers le fond à l’opposé des grandes fenêtres, plus on se rapproche de cette gravité triste que les murs en pierre soutiennent. Pièce comme une symbolique profondeur de champs de cinéma: au premier plan, le présent, le jour, la lumière, la joie; au fond, le sombre, le passé inconnu lointain ; toujours, on préférait dormir au bord des grandes fenêtres qui donnaient sur le beau jardin devant, grand et toujours animé de monde et merci la fontaine où coule une petite cascade. Juste après, parallèle, une autre pièce en théorie similaire mais en réalité très différente à mes yeux puisque je n’y ai jamais pénétré et l’ai toujours vu depuis l’autre pièce la porte étant ouverte. M’apparaissait uniquement la partie fenêtre, joyeuse avec un petit lavabo sur le bord. J’y ai vu de vieux couples de ma famille en robe de chambre se laver les dents avec le sourire du matin. D’en bas au jardin, je les voyais se décomposant dans le cadre de cette fenêtre comme les personnages les plus importants de cette immense maison (d’autant plus important que je ne me souviens pas avoir vu cette pièce de l’intérieur, réservée aux privilégiés), en parallèle d’autres personnages se décomposant à d’autres fenêtres de la même manière et se faisant écho les uns aux autres comme dans un spectacle de Guignol. Pour accéder à cet étage, un immense escalier de vieilles pierres chargé de je ne sais quoi mais c’était un espace peu accueillant où on ne restait pas même si il avait une beauté austère (haut de plafond, grandes dalles, très vieilles pierres). Il y faisait froid l’hiver et la lumière y était faible. Puis, en suivant l’escalier, l’espace se transforme. La pierre devient bois et les fantômes qu’on croyait dans le passé de la pierre se font plus présents, plus grinçants. On est sur le palier de la chambre verte. J’ai associé tardivement cette pièce au film de Truffaut sur les morts et le film de Truffaut à cette pièce: chambre terne avec un vieux placard, un lit poussiéreux et une porte verte avec une poignée qui se meut facilement mais nettement en un clac sonore; le plancher grince et est rempli d’échardes..