La bâche à brindilles où laisser les baskets trempées de mer, à cause des rochers et des impossibles pieds nus, avant de rejoindre la mousse fine des tapis de sols superposés pour un peu plus de doux au dos le soir et la doublure orange fraîche du sac de couchage ouvert pour laisser respirer. Sol de tente où sentir encore la morphologie chahutée des pierres dessous, l’emplacement qui tire de son avantage d’ombre et sapin l’inconvénient par contre d’une majestueuse et embarrassante racine, épine dorsale et diagonale qui fend en deux le petit terrain, revêche à nos tentatives de la contourner, même à essayer mille stratégies et combinaisons de sardines et les planter le plus au bord possible. Sol aussi qui sait, sans doute, qu’ici on est courbé, sol de tente sans la verticale humanoïde et dressée, sol où la tête est déjà un ciel trop haut, d’ailleurs le plafond ici est pointu, qui n’attrape qu’un horizon exigu et bas, et l’on entrera ici à demi, sans le déploiement du dos que monde d’habitude nous offre ou nous laisse. Sol où entrer courbé, sol de tipi à prières où l’homme campeur renonce provisoirement à vivre debout.