Trois Césars à Rosalie.
Je cherche sur Google Earth les rues Claude Sautet en France, j’en trouve trois, l’art apprend la modestie. J’arrive au coin de la rue Claude Sautet et de la rue Simone Signoret à Pontarlier. Un espace de jeu multicolore vient d’être construit près de l’abri du bus. Au loin, je vois des collines boisées. Tous les pavillons de la rue se ressemblent, enduit beige ou légèrement ocre, toit en tuile rouge uniforme, les arbres d’ornement plantés dans le gazon ont entre vingt et trente ans, ce doit être l’époque de la création de cette zone pavillonnaire. Les pavillons sont bien entretenus, les voitures garées devant sont en bon état, les rues sont propres, dans les jardins d’ornement il n’y a pas de carcasse de voiture ou de déchets. Il doit être agréable de vivre dans ce quartier. Le maire aime le cinéma.
Mon voyage m’emmène, rue Claude Sautet à Salaise-sur-Sanne, la rue est certainement la rue la plus utilisée de la ville, et peut-être la plus laide. Elle permet l’accès à l’hypermarché, de chaque côté de la rue il y a de grands parkings, avec des abris de caddie. Je vois une enseigne connue derrière le parking : Norauto. Cette zone commerciale est prise en étau entre l’autoroute A7 et le Rhône. Dans une zone commerciale, on ne vit pas, on consomme et on repart.
Je repars en satellite à Perpignan, au soleil. Dans une zone récente de la ville, près d’une grande zone pavillonnaire de luxe, on y voit des piscines dans presque tous les jardins, la rue Claude Sautet dessert une zone de résidence plus récente, tous les pavillons sont identiques, géométriques, les parcelles sont plus modestes. Des pavillons mitoyens, modernes, ils ont un toit plat, la façade est divisée en deux parties. Il y a un étage et un balcon sur une des deux parties, j’imagine que c’est une chambre. Toutes les fenêtres sont équipées de volets gris foncé coulissant en façade. Chaque parcelle est close par un muet enduit, tous les pavillons sont le même portail coulissant en métal gris foncé. Quelques propriétaires ont installé en plus un petit portillon en métal gris foncé. Les plantes décoratives plantées sur les parcelles, thuyas, bambous, palmiers ont peut-être quinze ans de plantation sous ce soleil. Dans la rue pour empêcher les voitures de se garer le long des murets, des plots en métal sont installés de manière régulière. Le trottoir qui est au même niveau que la chaussée est une bande de un mètre de large faite en gravillons encastrés dans du béton. Au bout de la rue, il y a une résidence pour séniors. Je crois qu’ici que tout est prévu, vous pouvez y vivre, et y vieillir.
ou Laurent, …y tourner un film — qui risquerait d’être plus Chabrolien que Sautien, pas assez d’aspérités, ni d’échappées pour lui,
Dans ces rues inanimées que nous montre Google Earth, il est difficile d’imaginer une histoire, mais Chabrol aurait pu le faire.