Cent quatre-vingt-trois piscines Tournesol furent construites en France à la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt. Le programme Tournesol fut lancé en 1969 (mon année de naissance) pour encourager l’apprentissage de la natation, à la suite des résultats pitoyables de l’équipe de France de natation aux jeux olympiques de 1968 (seul Alain Mosconi rapporte une modeste médaille de bronze sur le 400 nage libre alors que la belle Kiki Caron pourtant porte-drapeau de la délégation française revient bredouille) et de deux accidents de l’été 1969 : la noyade dans la Loire de 19 enfants d’un centre aéré à Juigné-Sur-Loire et noyade de 24 personnes dont 14 fillettes dans le naufrage du bateau-promenade La Fraidieu sur le lac Léman près de Thonon-Les-Bains. L’appel d’offre fut remporté par l’architecte Bernard Schoeller, pour le design, assisté de l’ingénieur Thémis Constantinidis pour la structure.
Tournesol de Beauvais
Un sens interdit, un parking réservé camping-car, et derrière une haie de pruniers, la forme molle d’une méduse géante. Nous sommes dans une zone de logements sociaux et de pavillons bon marché aux toits pentus. Ça sent la pluie et les économies. Ici, on tente de ne pas couler.
Tournesol de Bonneveine
Une artère large à quatre voies, un panneau qui annonce « Ville de Marseille » mais en levant la tête, au dégradé de bleu du ciel lumineux, on sentait venir le sud. Derrière un pin parasol, la forme molle d’une méduse géante. De l’autre côté de l’avenue de Hambourg (c’est le nom de la grand route), des immeubles d’habitation blancs, anciens et modernes. Ça sent le Burger et le Deliveroo. Ici, on se laisse glisser.
Tournesol de Biscarosse
Un rangée d’arbres de tamaris et derrière, la forme molle d’une méduse géante. Un franc soleil de midi tombe droit sur un groupe de quatre petits enfants à vélo (dont un seul est casqué) qui s’engagent prudemment sur le rond-point qui mène à la piscine. Le coin est désert. Un autocar blanc est garé sur un emplacement réservé près de l’entrée. Ça sent le pin des landes et les bébés nageurs. Ici, on apprend tôt à nager.
PS : Schoeller est mort en 2020 et on a perdu la trace de Constantinidis.
Drôle ! Aussitôt je pense à cette annonce récente , la volonté de ne plus avoir qu’un chargeur unique pour tout charger, le ridicule de cette envolée en pleine crise, une diversion comme un nez au milieu de la figure, certainement proche du ridicule que provoque le Tournesol, d’apprendre à nager, en pleine révolution.
Et puis la trace laissée si bien ressentie, il y a du MAD Max, quelque chose de post apocalyptique, en quelques paragraphes seulement
Pour un peu j’aurais une pensée émue pour l’éthanol, et la disparition des stations service telles que je les ai toujours connues.
Merci Geneviève !
Mercid ‘avoir rafraichi ma mémoire. Je les avais oubliées.